La langouste est de retour en Bretagne

Finistère, reportage

Le bateau de Xavier Vaillant s’extrait de la nuit finistérienne et met le cap au Nord-Ouest, vers l’île d’Ouessant. L’équipe dort une paire d’heures et se met au travail : trois jours auparavant, elle avait descendu ses filets. Cette fois, elle les remonte chargés de poissons et crustacés. Parmi eux, la langouste. Grosse comme un homard avec un corps de langoustine bordeaux et des antennes orangées. À la criée, une langouste se vend en moyenne à 40 euros le kilo mais ça peut grimper à 55 euros. Bien plus que le homard, pourtant si prestigieux, qui oscille autour des 25 euros le kilo.

Il faut dire que la langouste s’est faite rare ces dernières années. Elle ne revient sur les étals que depuis un an. Jusqu’aux années 1950, les pêcheurs débarquaient près de 500 tonnes de ce crustacé aux ports d’Audierne et de l’île de Sein, dans le Finistère sud. Mais à peine 25 tonnes à la fin des années 1970. À l’échelle nationale, nous sommes passés de 2 500 tonnes dans les années 1950 à quelques dizaines actuellement.

Les langoustes ont une longévité de plus de quinze ans lorsqu’elles ne sont pas mangées. © Lucie Lautrédou / Reporterre

Après la Seconde guerre mondiale, les bateaux de pêche se sont motorisés et la pêche au filet s’est développée. Les rendements ont remonté : « La langouste était une espèce très exploitée sans que des mesures de gestion soient prises, raconte Martial Laurans, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). On est passé de la pêche au casier à la pêche au filet, ce qui a augmenté la pression de pêche. Le stock s’est progressivement effondré. » « Quand j’étais gamin, avec mon père, on en pêchait plein dans nos filets, se souvient le pêcheur Xavier Vaillant. Aujourd’hui, il a son petit coin à langoustes, « là-bas elles sont grosses et il y en a plein ». Et non, il ne nous dira pas où se trouve cette mine d’or, c’est comme les coins à champignons, ça ne se partage pas.

Face à l’épuisement de cette ressource et au manque à gagner que cela induit, le comité des pêches du Finistère, instance qui représente la profession, a pris des mesures. En 2007, il a mis en place un cantonnement sur la chaussée de Sein, une zone de 5 000 hectares où la pêche est interdite. Au même moment, le parc naturel marin d’Iroise était créé. « Le parc avait les moyens de surveillance pour faire respecter la règle d’interdiction de capture », dit Erwan…

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Auteur: Reporterre