La liberté de la presse à géométrie variable : Evan Gershkovich plutôt que Julian Assange

Accusé d’espionnage par le Kremlin, le correspondant du Wall Street Journal en Russie, Evan Gershkovich, a été arrêté le 30 mars à Iekaterinbourg par les services de sécurité russes. Disons-le d’emblée : l’arrestation d’un journaliste pour des raisons politiques est une atteinte à la liberté de la presse. Si les médias américains et occidentaux ainsi que plusieurs dirigeants politiques – dont le président des États-Unis Joseph Biden – se sont aussitôt indignés, on peut s’interroger sur leur difficulté à dénoncer systématiquement les attaques commises contre les journalistes…

Méconnu du grand public encore récemment, Le Monde ne tarit pas d’éloges sur le nouveau prisonnier de Vladimir Poutine : « Evan Gershkovich est un professionnel reconnu, installé en Russie depuis six ans et parfaitement russophone. » On découvre par exemple qu’« il avait publié des enquêtes d’une grande qualité durant la pandémie de Covid-19 ». Bernard-Henri Lévy, en grande forme malgré le flop retentissant de son film sur l’Ukraine, tweete frénétiquement : « Evan Gershkovich est un otage. Cette sorte de « diplomatie » nous ramène à des temps très sombres. Une autre étape dans l’escalade de Poutine. Un autre degré sur l’échelle de l’enfer vers lequel il dirige le monde. » Dans Le Point, on note que « l’affaire illustre à quel point la sécurité des reporters étrangers en Russie n’est plus garantie. (…) Voilà désormais les journalistes étrangers, y compris des correspondants reconnus couvrant le pays depuis plusieurs années, menacés d’être embastillés pour un long moment. » Le 3 avril, sur France Inter, Dov Alfon, le directeur de Libération, s’offusque : « Evan Gershkovich fait l’objet d’un traitement arbitraire évident. Notre confrère est tout simplement pris en otage par le régime de Vladimir Poutine. » Et il ajoute : « J’ai dû signer ce matin une pétition avec…

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Auteur: Mathias Reymond Acrimed