La littérature à l'heure de #metoo – Hélène Merlin-Kajman

Les pages qui suivent sont issues d’un livre important, publié le mois dernier par Hélène Merlin-Kajman, et intitiulé La littérature à l’heure de #metoo. Dans celui-ci, l’autrice revient sur plusieurs polémiques récentes relatives au rapport entre la littérature et les violences sexuelles.

La première de ces controverses concerne L’Oaristys, poème d’André Chénier au programme de l’agrégation de littérature en 2017-2018, et dans lequel certains agrégatifs avaient, comme ils l’écrivaient dans une lettre ouverte, « immédiatement reconnu un viol ».

Plusieurs professeurs de littérature spécialistes de la poésie du XVIIIe siècle avaient considéré cette lecture et l’emploi du mot « viol » comme anachroniques, faisant remarquer que feindre le refus dans les premiers temps de la relation constituait pour la femme l’une des normes régissant alors les rapports de séduction. Sans contredire cet argument (bien qu’elle fasse remarquer qu’il existe des œuvres élaborées dans le même contexte et dans lesquelles le désir de la femme est apparent), Hélène Merlin-Kajman se montre sceptique quant au fait que les agrégatifs signataires de cette lettre ouverte semblaient, en plus de demander au ministère de figer l’interprétation d’une œuvre, lire le poème de façon littérale, le prenant comme une pièce à conviction renvoyant à des actes qu’il s’agirait de juger.

Alors que L’Oaristys peut aussi être interprété métaphoriquement comme la victoire de Vénus, déesse de l’amour, sur Diane, celle de la chasteté, sa lecture littérale, ainsi que son rabattement sur la façon dont les actes décrits pourraient être qualifiés judiciairement, ferme en effet la porte à toute lecture « transitionnelle » et empêche d’aborder ce que Roland Barthes désignait comme le « pluriel du texte ». Pour autant, sans souscrire à l’interprétation du texte comme description d’un viol, Hélène…

Auteur: lundimatin
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