Ça commence par un narrateur qui fantasme sur son oncle, ça finit par un postulat profondément homonationaliste et raciste ; ça commence mal, ça finit par faire très mal, et tout ce qu’il y a entre ce début et cette fin relève à peu près du même acabit. Je veux parler de la dernière publication de Nicolas Chemla, Amsterdam — je ne veux pas en parler.
Quand j’ai découvert cette nouvelle collection chez Zone Critique, « Vrilles », j’ai eu un léger enchantement. Une curiosité. Le début de quelque chose de nouveau suscite souvent ce genre de choses. La promesse de textes courts, de moins de cinquante pages, aux couvertures colorées, censés nous faire découvrir des voix de la littérature contemporaine en publiant chaque mois un texte « percutant, en prise avec les grands enjeux de notre époque » (sic). J’ai demandé à l’éditeur de m’envoyer les textes. Je les ai reçus. Je voulais écrire sur Amsterdam de Nicolas Chemla. Ça m’intéressait. J’ai lu. Je n’ai plus voulu écrire sur ce livre. Ça m’intéressait toujours, je voulais encore plus parler de ce livre, même, mais uniquement dans cette perspective un peu morbide d’analyser tout ce qui, dans ce livre, faisait du mal à la littérature, et donc au réel. Pourquoi faire ? Était-ci si important qu’il faille pour cela lui donner crédit ?
Peut-être qu’écrire sur Amsterdam pouvait me permettre, à défaut, de définir pour moi et pour les autres ce que ne doit pas faire la littérature. Car la littérature n’est pas au-dessus ou en dehors du réel, contrairement à ce qu’on peut nous faire croire ici et là. Il ne s’agirait pas d’ériger un moralisme éthique ou esthétique, mais bel et bien de réaffirmer, si besoin est, que toute littérature est politique, et qu’elle s’inscrit dans ce champ qu’on le veuille ou non.
Écrire, faire de l’art : ce n’est pas juste observer le réel et le recopier. Ça n’existe pas, le…
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Auteur: dev