La loi vénézuélienne sur les semences devrait être un modèle mondial — Owen SCHALK

Les semences sont un champ de bataille politique souvent négligé dans les pays industrialisés comme ceux d’Amérique du Nord et d’Europe, mais pour les paysans du Sud, la bataille sur les droits des semences est essentielle à leurs moyens de subsistance.

Les semences partagées localement sont cruciales pour de nombreuses communautés rurales – « les clés génétiques de la biodiversité et de la résistance au changement climatique », comme l’affirme le chercheur Afsar Jafri, ainsi que « les archives des connaissances culturelles » et « le symbole ultime de la sécurité alimentaire ». Cependant, la capacité des agriculteurs à continuer à partager et à planter ces semences est constamment menacée par les multinationales et les États qui les soutiennent.

En 2015, les six plus grandes sociétés agroalimentaires – BASF, Bayer AG, Dow, DuPont, Monsanto et Syngenta – contrôlaient 63 % du marché des semences commerciales. En 2018, Bayer a acquis Monsanto pour 66 milliards de dollars. L’entité corporative qui en résulte contrôle près de 60 pour cent de l’approvisionnement en semences brevetées dans le monde.

Les semences brevetées contre les moyens de subsistance des agriculteurs

L’imposition des semences transgéniques brevetées aux communautés rurales a eu un impact catastrophique sur les moyens de subsistance des hommes et la protection de la biodiversité. Dans de nombreux pays, les semences sont traditionnellement la propriété collective des agriculteurs. Cependant, le droit de ces derniers à contrôler leur propre approvisionnement en semences est attaqué par les forces corporatives qui se sont emparées des États capitalistes du monde entier.

En 2010, le gouvernement colombien a adopté la loi 970 dans le cadre d’un accord de libre-échange (ALE) avec le gouvernement des États-Unis. Selon les termes de l’ALE, Bogota a accordé un monopole légal aux semences produites par des sociétés étasuniennes et européennes et a contraint les agriculteurs colombiens à n’utiliser que des semences certifiées fabriquées par ces sociétés. Les agriculteurs qui étaient surpris à conserver des semences ou à planter des semences non enregistrées étaient passibles d’amendes ou de peines de prison. Ces lois étaient une condition pour que Washington accepte l’ALE.

La loi 970 n’a pas seulement précipité la hausse des prix de la production alimentaire, puisque les agriculteurs ont été contraints d’acheter des semences à des entreprises comme Monsanto plutôt que d’utiliser des…

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Auteur: Owen SCHALK Le grand soir