Voilà un très grand et bel ouvrage ; voilà l’ouvrage que nous attendions.
Un grand ouvrage d’anthropologie générale critique.
Critique, c’est-à-dire réflexif (lire l’introduction, pp. 5-17).
Un grand ouvrage qui s’inscrit dans la lignée des théories critiques (depuis l’école de Francfort) et qui renouvelle la pensée critique.
Ou encore, un ouvrage qui repense le matérialisme historique. Et, exactement, la théorie des Systèmes Mondes, depuis Arghiri Emmanuel, Immanuel Wallerstein et André Gunder Frank (tous ces auteurs qui ont bercé notre jeunesse).
Précisons : un grand ouvrage d’anthropologie critique du monde (world system and earth system) qui intègre toute la pensée critique des systèmes mondes en la déplaçant vers la critique écologique (style Nicholas Georgescu-Roegen et son analyse thermodynamique de l’économie).
Avec l’idée centrale du transfert d’entropie.
Transfert d’entropie défini par l’usage des ex-colonies comme zones d’approvisionnement agricole ou énergétique on comme poubelles de la modernité occidentale.
Renouvellement de l’idée d’échange inégal, idée déjà retravaillée par Arghiri Emmanuel, l’inventeur du concept d’échange inégal (voir note 1).
Incitons le lecteur, après avoir lu l’introduction de l’ouvrage, à se précipiter sur la section remarquable : la technologie comme transfert de l’esclavage (pp. 41-44).
Comme il est impossible de résumer un tel magnifique ouvrage, qu’il faut lire crayon à la main, nous n’en indiquerons que quelques lignes directrices ; pour conclure brièvement par une critique de la pensée critique ou de la politique censée découler de cette pensée critique.
Mais nous recommandons de lire tout l’ouvrage avec attention, qui est la plus formidable introduction à l’analyse critique du monde (économique).
Partons d’un point clé qui définit l’économie monde : l’inégalité (nous avons toujours affirmé que le grand principe de l’économie était l’inégalité : dans le monde de l’économie tous les humains sont inégaux).
Le système monde est caractérisé par l’inégalité.
Et cette inégalité s’exprime de manière « écologique » (thermodynamique) par le transfert d’entropie.
Le centre occidental, riche, développé, technologiquement organisé, ne peut « se soutenir » que par la prédation énergétique (ou le contrôle de l’agriculture), prédation qui renouvelle l’économie esclavagiste (triangulaire) et sa « mondialisation », la forme caractéristique de…
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Auteur: lundimatin