La Makhnovtchina, un impensé de l’histoire ukrainienne ?

Depuis des mois, dans la région de Zaporojié (sud-est de l’Ukraine), les troupes russes sont à quelques kilomètres de la ville de Huliaï Polé (plus connue sous le nom de Gouliaï-Polé selon la graphie traditionnelle française).

Cette cité, peuplée avant l’invasion russe par près de 13 000 habitants, fut la capitale de la première République anarchiste, appelée « Makhnovchtchina » du nom de son leader et chef des armées : Nestor Makhno. Né en 1888 à Gouliaï-Polé, alors située dans l’Empire russe, il est décédé en 1934 à Paris. Cet acteur de la guerre civile de 1917 à 1921 a contribué de façon essentielle à la défaite des troupes russes blanches face à l’Armée rouge.

Alors que les combats font rage à proximité, ni l’Ukraine ni la Russie n’évoquent le passé de cette ville, chacune pour des raisons qui leur sont propres.

Nestor Makhno (au centre).

La Makhnovtchina, un épisode historique chargé de mythes

Cette absence de référence à Nestor Makhno est troublante car la République anarchiste qu’il a fondée constitue un épisode majeur de l’histoire ukrainienne et de la Révolution communiste.

Cela est d’autant plus étonnant que cet épisode historique est rempli d’événements constitutifs d’une mythologie puissante, susceptibles d’évoquer la Révolution française par son ancrage dans les traditions paysannes et par sa nature révolutionnaire.

La figure de Nestor Makhno elle-même est empreinte d’un caractère éminemment légendaire. Simple travailleur agricole ukrainien, il est condamné à mort en 1910 pour son activisme anarchiste. En raison de son âge administratif, sa peine est commuée en prison à vie car sa naissance avait été déclarée avec plus d’un an de retard. Libéré en 1917, à la chute du tsar, il réussit en un un an et demi à devenir le chef d’un puissant mouvement…

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Auteur: Eric Martel-Porchier, Enseignant chercheur, ICD Business School