« La Mémoire du futur : Chili 2019-2022 » par le philosophe français Pierre Dardot

Les éditions Lux publient La Mémoire du futur : Chili 2019-2022, du philosophe français Pierre Dardot. Ce spécialiste du marxisme revient sur les manifestations populaires menées au Chili ces dernières années et sur leurs conséquences politiques, dans un contexte où la fronde, plurielle et parfois très ancienne, a été nourrie, en sus, par trois décennies de néolibéralisme.

Présentation du livre par Jonathan Fanara dans le Magduciné du 5 février 2023

Les mouvements sociaux de 2019 au Chili ont été motivés par une colère croissante envers les politiques économiques néolibérales mises en place sous la dictature de Pinochet dans les années 1970 et 1980, et ensuite perpétuées par les différents gouvernements qui se sont succédés à Santiago. Ces politiques ont eu pour effet de concentrer la richesse entre les mains d’une élite économique toujours plus restreinte, tout en condamnant une partie importante de la population à la précarité. Les manifestants ont exprimé des revendications sociales et politiques de natures diverses, touchant tant à l’éducation, la santé, le logement ou les droits des travailleurs. L’événement déclencheur qui a conduit à ces mouvements sociaux, la hausse soudaine du prix du ticket de métro, ne doit évidemment pas masquer l’essentiel. Car comme le verbalise très bien Pierre Dardot, ces mécontentements populaires trouvent des racines anciennes dans les communautés mapuches, les mouvements féministes ou les cercles estudiantins.

L’auteur en reprécise les tenants : les Mapuches ont toujours entretenu des rapports complexes et conflictuels avec l’État chilien. Les Incas et les Espagnols ont cherché, en vain, à assujettir cette communauté. Une conquête militaire, connue sous l’expression euphémique de « pacification de l’Araucanie », s’est ensuite déroulée entre 1860 et 1883. Il s’agissait en réalité d’une guerre de conquête et d’extermination, menée par le gouvernement chilien, visant à l’annexion pure et simple de tout le territoire mapuche. Plus tard, sous Pinochet, on assiste à un démantèlement du mouvement indigène par les forces armées et à la promulgation de décrets qui consacrent la liquidation des réserves occupées par ces communautés. Le terrain était donc propice à la formation d’une voix mapuche forte dans les mouvements sociaux récents. Leur opposition au système néolibéral, les Mapuches le partagent d’ailleurs avec les femmes, cantonnées à une vision traditionaliste du familialisme. Longtemps, les…

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Auteur: Claude Morizur