« La migration, c'est de la valeur qui se déplace » : l'envers du décor d'each One, entreprise à mission sociale

Sur les plateaux de télévision et les scènes de conférences, le storytelling est en place, les codes de la « start-up nation » parfaitement maîtrisés. « Révéler les potentiels des personnes réfugiées, c’est une opportunité de création de valeur » martèle l’entrepreneur Théo Scubla. Ce jeune homme a été couronné cette année par le palmarès « Forbes 30 under 30 », une liste de 30 étoiles montantes et influentes de l’entrepreunariat français, âgées de moins de 30 ans. En 2019, il faisait la couverture du Financial Times Business Education. Théo Scubla est le cofondateur et directeur d’each One : une start-up à succès, centrée sur la reprise d’études et l’accès à l’emploi des personnes réfugiées.

Sa principale activité consiste à implanter des programmes « Tremplin », d’une durée de trois mois, dans des universités publiques et écoles privées. Ces programmes sont portés par des étudiants bénévoles et des professeurs de FLE (français langue étrangère). Objectif affiché : apprendre le français aux exilés, et les accompagner vers la poursuite d’études ou l’emploi.

Entre le monde de l’associatif et celui des entreprises très lucratives, each One prétend ouvrir une troisième voie. Ni celle de « l’ESS [économie sociale et solidaire] ou des ONG militantes qui peuvent être parfois caricaturales », ni celle, « admirable, des licornes comme Meero ou Doctolib » – des start-ups évaluées à plus d’un milliard de dollars –, résumait Théo Scubla lors du BPI France Inno Generation de 2019 (l’un des plus grands rassemblements business d’Europe).

La vitrine est soignée. L’ambition, débordante : « Devenir la référence de l’intégration économique des réfugiés et nouveaux arrivants en Europe. » L’entreprise compte accompagner « des dizaines de milliers » de personnes réfugiées « d’ici à 3 ans » ; puis « 100 000 personnes d’ici 5 ans, en France et en Europe », détaille-t-elle dans une annonce de recrutement publiée en avril.

Ces ambitions soulèvent l’enthousiasme des pouvoirs publics et des mécènes privés. Sur l’année 2019, each One a levé plus d’un million d’euros de subventions publiques : 600 000 euros du ministère du Travail, plus de 500 000 du ministère de l’Intérieur, 100 000 de la fondation La France s’engage, ou encore 40 000 de la mairie de Paris. La start-up peut aussi compter sur des donateurs privés : la fondation Total, Société générale, BNP Paribas, L’Oréal… En 2020, son…

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Auteur: Maïa Courtois