Valérie Murat, porte-parole de l’association Alerte aux toxiques, a été condamnée jeudi 25 février par le tribunal de Libourne (Gironde) pour « dénigrement collectif à l’égard de la filière » des vins de Bordeaux.
Engagée dans la lutte contre les pesticides depuis plusieurs années, cette fille de viticulteur (son père est mort d’un cancer du poumon, reconnu comme maladie professionnelle) a réalisé l’année dernière des analyses de 22 bouteilles de vins, issues pour la plupart de domaines bordelais, en ciblant notamment celles affichant le label HVE (Haute valeur environnementale) ou se vantant d’une pratique vertueuse.
Ses résultats, publiés en septembre 2020, ont montré que toutes les bouteilles contenaient des molécules considérées comme des perturbateurs endocriniens potentiels. Des traces de substances classées cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques ont également été révélées dans onze bouteilles sur 24. Enfin, neuf vins contenaient au moins un des fongicides dits SDHI.
Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux avait alors déposé plainte pour « dénigrement collectif à l’égard de la filière ». Le président estimait que les quantités de pesticides révélées étaient infimes, « entre 60 et 5.000 fois en-dessous des limites autorisées par la réglementation française ».
Le tribunal de Libourne a donné raison à la filière. Selon une décision que le journal en ligne Basta ! a pu consulter, il reproche à Valérie Murat d’avoir « fait le choix d’une communication volontairement anxiogène, sans aucune explication sur le mode de dangerosité d’une substance, ni sur les taux constatés ». Et ce, même si certains biologistes estiment que même des petites doses de perturbateurs endocriniens sont dangereuses.
Valérie Murat va devoir verser 100.000 euros de dommages et intérêts au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, et 25.003 euros à d’autres plaignants issus du monde du vin. Elle a annoncé sa volonté de faire appel.
- Source : Basta !
- Photo : Bouteille de vin labellisée HVE, photo d’illustration. ©Anne Speltz/Reporterre
La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre