La mystification de la révolution verte des années 1960 censée lutter contre la faim dans le monde — Bernard CONTE

La révolution verte pour lutter contre « la faim dans le monde »

La révolution verte est le pendant de la mise en place de l’agriculture productiviste en Europe après la Deuxième Guerre mondiale. Sous le prétexte de la lutte contre la faim dans le Tiers-Monde, la révolution verte a été un instrument majeur de la destruction de la société traditionnelle et de l’intégration des agricultures du Sud dans la mondialisation et de leur domination par les firmes multinationales de l’agroalimentaire.

Au cours des années 1950-1960, la Banque mondiale ainsi que des fondations privées, notamment les fondations Ford et Rockefeller, ont financé la recherche agricole dans les pays en développement (1) . Cette recherche a abouti à l’élaboration de nouvelles variétés de céréales à haut rendement qui devaient couvrir les besoins alimentaires croissants des pays du Sud.

En effet, les experts soutenaient que les variétés de céréales traditionnelles, caractérisées par de faibles rendements, ne permettraient pas de faire face à l’accroissement de la demande générée par une démographie galopante. L’introduction dans les agricultures du Sud de ces nouvelles variétés à haut rendement (VHR) a pris le nom de « révolution verte » lancée en 1965. Il s’agissait de résoudre le problème de la faim dans le monde par la mise en œuvre de savoirs scientifiques par un programme américain de diffusion des techniques agricoles occidentales (2). La révolution verte a touché l’Asie, le Moyen Orient, l’Amérique Latine et l’Afrique du Nord, mais elle a peu concerné l’Afrique subsaharienne.

L’introduction des VHR a provoqué la « modernisation » de l’agriculture dans un grand nombre de pays du Sud. Ces variétés plus réceptives à l’usage des engrais et de l’irrigation, ont permis dans un premier temps de plus que doubler le rendement des cultures de riz et de blé. L’accélération de la croissance de la production agricole représentait, selon les experts, une importante contribution à l’autosuffisance alimentaire, un renforcement de la capacité d’exportation de produits d’alimentation de base ainsi qu’un accroissement du surplus agricole permettant de financer le développement.

Au-delà de l’augmentation des rendements et de la production à court terme, la révolution verte a engendré de nombreux effets pervers sur les plans écologique, économique et social.

Les effets pervers de la révolution verte (3)

Sur le plan écologique, la révolution verte s’est traduite par : (i) la…

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Auteur: Bernard CONTE Le grand soir