La nature réclame son dû

J’ai fait un rêve tellement étrange qu’un besoin irrépressible me pousse à le partager. Alors que je me baladais le long du Riou, petit ru de Haute-Loire promis à une destruction prochaine pour faire place à une 2 x 2 voies inutile et imposée, une grenouille rousse, rana temporaria, sauta en travers de mon chemin et me tint à peu près ce langage :

« Tes semblables ont entrepris la dévastation de notre milieu de vie. Des dizaines de milliers d’arbres ont déjà été abattus, privant de leurs espaces de nidification des centaines de familles d’oiseaux. Des dizaines de kilomètres de bocage ont été détruits, condamnant des millions d’insectes, de reptiles, de petits mammifères à l’exil ou à une mort certaine. En se penchant sur l’entremêlement des liens et des relations entre espèces sur ce territoire, il est aisé de comprendre combien les dégâts sont considérables et irréversibles.
Toi qui viens te promener ici, prends le temps et la peine d’observer, de mesurer la richesse de ce qui t’entoure. Écoute, sens, regarde, entend et ressens. Et va dire à tes semblables quel mal ils font, quel mal ils nous font, quel mal ils se font.
Va leur dire que nous, le Collectif des habitants vivants du Meygal, exigeons l’arrêt immédiat des travaux.
Nos experts ont évalué les préjudices occasionnés jusqu’à ce jour. Prenant en compte l’ensemble des nuisances, des ravages et des victimes, ils estiment que leur montant ne peut être inférieur à 1,7 milliards d’euros. C’est qu’ils en ont fait des orphelins et des sans-abris ! Aussi réclamons-nous le règlement non-négociable de ces indemnités de dommages et intérêts, acceptons un paiement échelonné sur 96 mois.

Toutefois, nous prétendons défendre tous les habitants de notre territoire, dans une grande alliance qui n’abandonne personne. C’est pourquoi, dans un souci de cohabitation respectueuse, nous accordons à tes semblables le droit de construire deux raisonnables contournements des villages dont les habitants sont intoxiqués au quotidien par les nuisances continues du trafic routier sous leurs fenêtres. Nous accepterons ces travaux modestes et modérés, à condition qu’ils soient envisagés avec tous les habitants, donc, avec déménagements préalables de ceux qui verront leur habitat malgré tout détruit.
Nous ne sommes pas hostiles à l’humanité, à condition qu’elle sache rester à sa place et ne pas se montrer arrogante et méprisante envers la nature dont elle fait intégralement partie et semble trop souvent…

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Auteur: lundimatin