« La Nupes pourra peser à l'Assemblée »

Simon Persico est chercheur au laboratoire de sciences sociales Pacte (CNRS) et enseignant-chercheur en science politique à Sciences Po Grenoble.


Reporterre — Emmanuel Macron n’a pas obtenu de majorité absolue aux élections législatives. Comment va-t-il pouvoir gouverner ? Y aura-t-il un réel blocage institutionnel comme l’annoncent certains députés de gauche ?

Simon Persico — C’est difficile à dire pour l’instant, tant nous sommes dans une situation inédite. La seule fois où notre pays a connu l’expérience de la majorité relative, c’était entre 1988 et 1993 avec Michel Rocard. À l’époque, il manquait onze sièges pour avoir la majorité absolue. Cette fois, il en manque une quarantaine. La France n’a pas l’expérience dans ce type de rapport de force. Cela relève d’une culture parlementaire de compromis que nous n’avons pas. Pour l’instant, nous sommes dans un système politique doté d’une culture de domination totale face à une culture d’opposition forte. Soit une absence de volonté pour trouver des compromis.

Les anciens partis politiques sont les héritiers de ceux qui ont créé la Ve République pour éviter cette culture du compromis et garantir au président une majorité forte et stable. Il faut désormais qu’ils apprennent à fonctionner autrement, comme durant la IIIe ou IVe République, qui ne sont pas les caricatures d’inefficacité.

La IIIe République a par exemple voté la loi 1905 [de séparation de l’Église et de l’État] ou la création des congés payés. On peut avoir une culture du compromis qui est efficace. Mais aujourd’hui, nous avons trois blocs qui sont dans une logique d’affrontement forte et de vive hostilité.

Pourquoi le parti Les Républicains, présidé par Christian Jacob, refuse-t-il toute alliance avec le parti d’Emmanuel Macron ?

Chez Les Républicains, il y a des cadres qui se sont construits en opposition à Emmanuel Macron. Par exemple Aurélien Pradié, qui est plutôt gaulliste social, et pourtant vent debout contre le président de la République. Sans oublier tous ceux qui penchent plutôt du côté du Rassemblement national, pour qui cela serait une erreur politique de sauver Macron, à l’instar d’Éric Ciotti.

Jean-Luc Mélenchon après les résultats du second tour des législatives, le 19 juin 2022.

Avec 142 députés, la Nupes sera-t-elle réellement en mesure de peser dans le jeu législatif ?

Il y aura quatre groupes distincts : celui de La France insoumise, celui des écologistes, celui du Parti socialiste et des…

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Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre