La passionnante histoire du Parti Communiste Chinois. 1ere Partie — Bruno Guigue

Les premiers pas du Parti communiste chinois et la tragédie de 1927

L’un des paradoxes du communisme chinois, c’est qu’il est né sous les auspices de la révolution bolchevique, mais qu’il n’a triomphé qu’en inventant sa propre stratégie révolutionnaire. Pur produit du marxisme soviétique, il est devenu un mouvement original, ancré dans l’histoire immémoriale de la Chine. Ce destin de la révolution chinoise montre que le marxisme n’est pas une théorie exportable, mais une pratique singulière enracinée, comme dit Lénine, dans « l’analyse concrète d’une situation concrète ». Les fondateurs du Parti communiste chinois ont inauguré un processus doublement inédit : par la nouveauté d’une révolution paysanne qui doit davantage à une tradition endogène qu’aux recettes exogènes du marxisme européen ; et par le basculement spectaculaire d’un quart de l’humanité, au prix d’un combat titanesque, du côté du socialisme réel. Toutefois, ne perdons pas de vue l’essentiel : stratégie révolutionnaire novatrice, le maoïsme est né, au sein du parti communiste, d’une révision idéologique dictée par la profonde crise qui frappe la nation chinoise à la suite de l’effondrement du système impérial. Et s’il prononce une fin de règne, celle de la Chine semi-féodale et semi-coloniale, c’est parce qu’il a su disqualifier cet acteur inconséquent de la renaissance nationale qu’était le Guomindang, parti « nationaliste » incapable de mener la révolution bourgeoise et de répondre aux revendications des masses.

Les débuts du communisme chinois sont modestes. Une poignée de jeunes intellectuels issus de la petite bourgeoisie urbaine, telle est l’équipe fondatrice. Elle a d’abord animé différents groupes, plus ou moins inspirés par le Mouvement du 4 mai 1919, qui se convertissent au marxisme lorsque les traductions de ses textes les plus célèbres connaissent une large diffusion. C’est la Société d’études marxistes, fondée en décembre 1919 par Li Dazhao, bibliothécaire de l’Université de Pékin. Ou encore la revue « La Nouvelle Jeunesse », qui accompagne son prestigieux fondateur, Chen Duxiu, dans son ralliement aux thèses communistes. Il est vrai que la doctrine marxiste, grâce à la mise à jour anti-impérialiste due à Lénine, présente un avantage énorme : empruntée au monde occidental, elle ne lui ménage pas ses critiques. Alors que le libéralisme se contente de copier une culture étrangère, le marxisme ouvre la voie à une révolution à la…

La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Bruno Guigue Le grand soir