La passionnante histoire du Parti Communiste Chinois. 4ème Partie — Bruno GUIGUE

Ombres et lumières de la révolution culturelle

Dans sa séquence courte (1966-68), la Révolution culturelle est un événement révolutionnaire d’une extrême intensité, accompagné de violences qui ont marqué une génération entière. Avec cette révolution dans la révolution, Mao et les gardes rouges entendent mobiliser les masses contre l’appareil du parti lui-même, afin de l’empêcher de restaurer le capitalisme et de sombrer dans un révisionnisme de type soviétique. Figure chinoise d’une révolution ininterrompue, qui a soulevé davantage de questions qu’elle n’en a résolues, et qui a rencontré ses limites dans une société harassée. Dans une résolution adoptée en 1981, le Parti communiste chinois a porté un jugement sévère sur cette expérience historique, qualifiée de « dérapage gauchiste » 1. Condamnant à l’oubli cette séquence révolutionnaire, il a engagé des réformes que les gardes rouges auraient conspuées. Marxiste à sa façon, le « socialisme aux caractéristiques chinoises » repose sur l’idée que le développement des forces productives, désormais, est la condition indispensable de la transformation des rapports sociaux.

La Révolution culturelle, dans sa séquence courte, épouse les orientations de la direction maoïste en faveur d’une rénovation radicale de l’appareil communiste et d’une accélération de l’édification socialiste. Moment-clé, la « circulaire du 16 mai » adoptée par le bureau politique en 1966 appelle au combat contre la pensée réactionnaire dans tous les domaines. Mais c’est dans les milieux universitaires que va commencer cette entreprise d’auto-épuration du parti et de la société. La Chine a accompli un effort colossal de scolarisation : elle compte 103 millions d’élèves dans le primaire, 13 millions dans le secondaire et 534 000 étudiants dans le supérieur. Éduquée dans l’amour des valeurs socialistes, cette jeunesse scolarisée représente une force explosive dans une société où les moindres privilèges suscitent l’indignation. Le point de départ de la Révolution culturelle, c’est un dazibao (journal en gros caractères) rédigé par des étudiants en philosophie qui incrimine la direction de l’Université de Pékin. La presse du parti lui donne aussitôt un large écho, et Mao y voit le « premier dazibao marxiste-léniniste de Chine ».

Lors du comité central qui se réunit en août 1966, Mao accomplit un geste symbolique lourd de conséquences : il fait diffuser aux membres du comité central la lettre…

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Auteur: Bruno GUIGUE Le grand soir