La pénurie de paracétamol est due « à la dépendance à la Chine »

Jusqu’au 31 janvier 2023, il n’est en théorie plus possible d’acheter du paracétamol sur internet. Le gouvernement a décidé d’en suspendre la vente dans un arrêté publié le 4 janvier. En cause : la récente flambée épidémique de Covid en Chine. « Les incertitudes au cours des prochaines semaines liées à la situation sanitaire en Chine font peser un risque d’aggravation des tensions en approvisionnement des spécialités composées exclusivement de paracétamol », précise le ministre de la Santé.

Cette mesure risque d’avoir un effet très limité, l’achat de médicaments via internet restant marginal. D’autres dispositions ont déjà été prises ces dernières semaines par les autorités sanitaires. Ainsi, depuis octobre, les pharmaciens ne fournissent pas plus de deux boîtes aux patients qui en réclament sans ordonnance. Mais « pour efficaces qu’elles aient été, [ces mesures] n’ont pas permis, jusqu’à présent, de mettre fin [aux tensions] », reconnaît le ministre. Le paracétamol n’est pas le seul concerné. Actuellement, ce sont 300 médicaments qui font l’objet de difficultés d’approvisionnement.

Pourtant la situation était parfaitement prévisible, dénonce Jérôme Martin, cofondateur de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).

Reporterre — La vente de paracétamol sur internet est suspendue pour un mois. Que pensez-vous de cette décision ?

Jérôme Martin — Le gouvernement et les autorités sanitaires ne sont que dans la réaction et la gestion des pénuries, au lieu d’agir sur les causes structurelles de celles-ci. Il y a un réel refus de s’attaquer au problème de fond lié à trois phénomènes : l’inscription des produits de santé dans une logique marchande d’offre et de demande ; la délocalisation de la production de la matière première ; l’ultraconcentration de la fabrication. Aujourd’hui, 80 % des principes actifs de nos médicaments sont produits en Chine et en Inde.

La crise sur le paracétamol n’est qu’une crise parmi de nombreuses autres depuis dix ans. Elle était parfaitement prévisible. Les ruptures ou tensions sur les médicaments ne cessent de se multiplier. Actuellement, 1,4 milliard de Chinois sont confrontés à une reprise du Covid. Ces personnes doivent être soignées, et il est compréhensible que la Chine décide de suspendre ses exportations de paracétamol.

Cette dépendance pharmaceutique à la Chine peut également devenir à terme un enjeu diplomatique. Rien n’interdit à cette dernière de décider de stopper toute exportation de médicaments vers l’Europe. C’est un risque à ne pas négliger dans le contexte actuel de tensions autour de Taïwan.

Pourquoi les…

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Auteur: Fabienne Loiseau Reporterre