La performance nous conduit droit dans le mur, place à la robustesse

La Relève et La Peste : Qu’est-ce la robustesse ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Olivier Hamant : C’est maintenir le système stable/viable malgré les fluctuations.  Dans le monde vivant, tous les êtres sont robustes. Ceux qui ne le sont pas ont été décanillés par l’évolution. Dans nos systèmes sociaux, on peut citer l’avion de ligne qui fonctionne à 50% de ses capacités avec trois systèmes autopilote. C’est-à-dire avec des redondances. Il n’est pas au maximum de sa performance parce qu’il va faire face à des turbulences. Quand on sait les appréhender, on arrive à faire des systèmes robustes. Ce n’est pas le meilleur exemple car il ne l’est pas sur d’autres plans comme sa dépendance au pétrole et les pollutions qu’il génère.

L’agroécologie est une forme de robustesse intégrale. Elle se fonde sur des redondances de l’hétérogénéité qui rendent les parcelles plus autonomes, moins dépendantes de technocraties distantes et qui maintiennent les écosystèmes dans la durée.

LR&LP : Certains termes paraissent, à priori, être en faveur du vivant, notamment ceux de résilience et de sobriété. Ne sont-ils pas des leurres pour maintenir le système et quelles places ont-ils dans le monde de la robustesse ?

Olivier Hamant : La sobriété est un très bel objectif. Le problème, c’est que ce n’est pas une bonne stratégie. Quand on commence par elle, on va faire des objets qui sont efficients énergétiquement. Si je reviens sur l’avion qui consomme moins de kérosène, on va dire qu’il est sobre. Mais qu’est-ce que ça engendre ? Des effets rebonds. Ceci est vrai pour toutes les stratégies d’efficience énergétique.

Dans tous les cas où l’on parle de sobriété comme les frigos, les voitures, les écrans plats, on finit par les multiplier pour switcher sur de l’ébriété. Pour faire émerger de la sobriété, il faut de la robustesse,