La peur du wokisme ou comment transformer les victimes en coupables

En France, le terme wokisme est convoqué à longueur de plateaux TV et d’éditoriaux dans la presse, pour dénigrer les mouvements progressistes, qui ne se revendiquent quant à eux jamais de ce terme. Il a en quelque sorte remplacé les expressions « politiquement correct » ou « bien-pensance » très utilisés dans les années 1990-2000 pour critiquer les revendications des minorités et des femmes, accusées de bâillonner l’espace médiatique et politique. Pour ceux qui s’opposent au wokisme, la dénonciation des inégalités est plus dangereuse que les inégalités elles-mêmes, qu’il s’agit donc de constamment euphémiser, pour sortir de « la tyrannie des minorités » ou de « la dictature de l’émotion ». Le wokisme serait « la fin de l’objectivité des faits au profit du seul ressenti », comme l’affirme par exemple l’éditorialiste Eugénie Bastié. Cette dénonciation d’un wokisme imaginaire est initialement le fait d’un petit milieu, qui a excellé dans la propagande culturelle ces dernières années pour la généraliser. Il faut avouer qu’à ce jeu-là, les réactionnaires sont bien plus forts que nous. Jusqu’à quand ?

Le terme « wokisme » a longtemps été énigmatique pour moi, alors que j’ai vite compris qu’il était censé désigner des gens dont je partageais en grande partie les idées. Comme beaucoup de Français, je ne savais pas exactement ce qu’il signifiait. Dans le milieu de la gauche radicale dans lequel j’évolue, je ne l’entends jamais. Les seules fois où je vois ce mot apparaître, c’est quand je regarde les chaines d’informations, que je suis agressé sur X par l’apparition des tweets d’éditorialistes, ou quand je discute (oui ça m’arrive) avec des gens de droite. Alors, je me suis demandé d’où pouvait bien venir l’utilisation de ce terme en France, pour désigner des gens qui quant à eux ne s’en revendiquent pas. Qu’on nous traite de « gauchiste »,…

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Auteur: Guillaume Étievant