La plus belle réserve naturelle de Jordanie menacée par une mine de cuivre

Dana (Jordanie), reportage

Le soleil se couche sur le camp de Rummana, au cœur de la réserve de biosphère de Dana, en Jordanie. Des chants d’oiseaux rythment le crépuscule. Furtif, un bouquetin de Nubie (Capra nubiana) jaillit d’entre les rochers massifs de la vallée, où seule une poignée de tentes blanches marquent discrètement la présence humaine.

Dana, l’une des plus grandes aires protégées de Jordanie, s’étire d’un plateau s’élevant à plus de 1 600 mètres d’altitude jusqu’au bassin de la mer Morte, 400 mètres sous le niveau de la mer. Du fait de cette déclivité considérable, quatre écosystèmes se côtoient sur une aire de seulement 300 km², hébergeant nombre de plantes endémiques et près de 450 espèces animales, dont certaines sont menacées d’extinction.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Trois décennies après sa création, ce joyau écologique — que la Jordanie souhaite faire inscrire au patrimoine de l’humanité — est plus menacé que jamais. Le gouvernement veut amputer la réserve de 78 km² (soit un quart de sa surface) pour y chercher du cuivre. Désemparés, écologistes et population locale se mobilisent pour sauver Dana.

Le camp de Rummana dans la réserve de biosphère de Dana, en Jordanie. © Lyse Mauvais/Reporterre

Le mirage du cuivre

Le cuivre est exploité dans la région depuis des millénaires ; en témoignent les vestiges de mines datant de l’âge du fer, dont les abondantes scories continuent de polluer le sol. Mais jusqu’à présent, les multiples explorations menées depuis les années 1960 n’ont jamais abouti à l’extraction industrielle, jugée trop coûteuse.

Aujourd’hui, l’envolée du cours du cuivre pourrait changer la donne. Les économistes prévoient une hausse de la demande mondiale, alimentée par le développement des énergies renouvelables et des voitures électriques, dont les moteurs contiennent trois fois plus de cuivre qu’un moteur classique. Signe de cet emballement, ce métal a atteint un pic historique à plus de 10 000 dollars la tonne (environ 8 500 euros) début mai 2021, pour redescendre aux alentours de 9 300 dollars (près de 7 900 euros) le 10 septembre.

L’oxydation naturelle du cuivre a teinté de vert les roches de la vallée. © Lyse Mauvais/Reporterre

Le secteur minier, que la Jordanie a l’ambition de développer, représente 7 % du produit intérieur brut (PIB), selon le ministère de l’Énergie et des Ressources minières. Fin septembre, la capitale jordanienne hébergera le salon régional Arab…

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Auteur: Lyse Mauvais Reporterre