La plus grande collection de cépages au monde déplacée par la montée des eaux

Étang de Thau (Hérault), reportage

Une bande de sable d’à peine 1 kilomètre de large cernée d’un côté par la Méditerranée, de l’autre par l’étang de Thau. C’est sur cette fine et fragile ligne que sont installés les 27 hectares de vignes du domaine de Vassal, considérés comme la collection de cépages la plus précieuse au monde.

Créée en 1876, elle est d’abord unique par sa taille : 8 500 variétés de vignes différentes originaires de plus de cinquante pays y sont rassemblées. Cécile Marchal, directrice du domaine, connaît chaque recoin de chaque parcelle : « Il n’y a pas un bout de bois qui n’est pas étiqueté ici. On trouve des cépages rares d’Afghanistan, de Syrie, des variétés sauvages japonaises, des variétés tropicales africaines, mais aussi 500 cépages français dont certains très anciens », détaille la spécialiste, les pieds dans le sable.

Cette collection, propriété de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), est aussi unique par sa valeur scientifique. Ce conservatoire constitue en effet un patrimoine génétique et historique rare, « car une grande partie de ces variétés ne sont plus cultivées à l’heure actuelle et présentent un intérêt pour l’amélioration variétale pour la vigne du futur », ajoute la responsable du domaine.

Vue du ciel, la problématique saute aux yeux

Le patrimoine du domaine de Vassal est tel qu’on lui attribue le surnom de « Louvre de la vigne ». « Aujourd’hui encore, pour compléter la représentativité et la diversité de la collection, de nouvelles variétés arrivent du monde entier, issues pour la grande majorité de prospections ou d’échanges avec d’autres conservatoires », complète Cécile Marchal, en présentant des spécimens arrivés récemment de Grèce et conservés sous serre.

La collection de cépages n’est pas installée en bord de mer par hasard. D’abord implantée à l’École d’agriculture de Montpellier, elle a été déménagée à Marseillan en 1949. « C’était en pleine crise du phylloxera, un puceron ravageur qui menaçait le vignoble français. Le sable est indemne de ce pathogène et d’autres parasites de la vigne, il y avait donc un intérêt à implanter ce conservatoire sur le littoral. » Mais cet emplacement, autrefois protecteur, met aujourd’hui en péril le domaine.

Vue du ciel, la problématique saute aux yeux. La mer est à quelques pas seulement. De l’autre côté, l’étang, plus salé encore, n’est séparé des vignes que par une route et une voie ferrée. Et à terre, les conséquences du réchauffement sont déjà là.

En ce jour de décembre, les feuilles persistent sur les pieds censés…

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Auteur: Coline Arbouet, David Richard Reporterre