La préfète protège les bois ? L'État la vire

La préfète d’Indre-et-Loire Marie Lajus a été limogée car elle voulait… faire respecter la loi. Elle s’opposait à un projet immobilier destructeur de terres. Ses soutiens, dont moult élus, dénoncent une « injustice ».

« Vive la presse… vive la presse libre ! » C’est une vidéo publiée sur le réseau social Twitter et massivement relayée qui a contribué à mettre en lumière cet événement. On y voit l’ex-préfète d’Indre-et-Loire Marie Lajus brandir un article du Canard enchaîné mis sous verre et offert par ses collègues. Cette enquête parue le 14 décembre dans le journal satirique révèle les conditions obscures pour lesquelles Marie Lajus a été évincée de son poste de préfète une semaine plus tôt. On y apprend qu’une banale affaire d’urbanisme aurait provoqué sa chute et que ce sont certains élus locaux qui auraient fait pression pour démettre l’ex-préfète de ses fonctions.

Au cœur de cette affaire, le projet de construction d’un incubateur de start-up « deeptech » de 4 000 m2 dans l’ancien domaine d’une maîtresse de Louis XIV, Madame de la Vallière, dans la commune de Reugny, en Indre-et-Loire. Le domaine appartient à l’homme d’affaires Xavier Aubry, qui a fait fortune en Suisse et qui souhaite désormais y implanter le DaVinci Lab, un centre de recherche sur les nouvelles technologies. Le problème, c’est que l’entrepreneur souhaite construire cet incubateur sur un terrain non constructible et boisé, adossé à un château qu’il a déjà transformé en hôtel de luxe il y a quelques années. Certains élus tourangeaux y voient pourtant une opportunité pour redynamiser la région. « C’est un investissement de 15 millions d’euros, pour un département comme le nôtre c’est extrêmement important », déclare à Reporterre Bernard Gaultier, président de l’association des maires ruraux d’Indre-et-Loire.

Christophe Monteiro, comme les élus et les différents acteurs de la société civile qui ont manifesté leur incompréhension, attend désormais des explications sur les raisons qui ont poussé Gérald Darmanin et Élisabeth Borne à mettre fin aux fonctions de Marie Lajus au milieu de l’année, sans préavis et sans point de chute. « Si les faits sont avérés et si certains élus locaux ont pu faire démettre la préfète de ses fonctions en envoyant des messages au ministre Darmanin, c’est un sujet d’État », assure au téléphone Emmanuel Denis, le maire écologiste de Tours.

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Auteur: Reporterre