La première image n'efface pas les autres

L’urgence à s’opposer au génocide des Palestiniens, d’une part, celle de combattre la dictature théocratique iranienne d’autre part, ont pour nous valeur d’axiomes. Trop souvent hélas ces deux combats parfaitement compatibles et même solidaires sont mis en concurrence, comme si la prise en compte de l’un mettait en cause la pureté et la radicalité de l’autre. Trop souvent aussi les identifications unilatérales, mythologiques, outrancières, voire déplacées, viennent en lieu et place d’une parole rigoureuse, consciente de là où elle parle, qui serait la plus respectueuse, fervente et solide des solidarités. C’est à ces travers que nous parait répondre le texte qui suit, qui ne s’interdit ni l’ancrage dans une histoire située, ni la boussole d’un « universel » éthique : l’égalité des vies humaines.

« Quand j’avais cinq ans, on faisait le voyage en bus de Téhéran à Ispahan. Il y a 400 km de distance. On partait le matin à cinq heures et on arrivait le soir quand la nuit était tombée depuis longtemps. Je ne peux pas te dire quelle heure il était. On n’avait pas de montre.
Une fois, ma mère et ma tante avaient voulu s’arrêter sur le trajet à Qom pour visiter le tombeau de Fatima. Quand ils ont compris qu’on était juifs, ils se sont mis à déchirer les vêtements de ma tante et à arracher le tchador de ta grand-mère.
 Manidjoun portait le tchador ?
 Bien sûr.
 Mais ce n’était pas obligatoire sous le Shah !?!
 Oui mais elle voulait le porter… On était une minorité dans une minorité. On voulait continuer à respecter nos coutumes, notre culture. Rester des juifs.
 Ça veut dire quoi une minorité dans une minorité ?
 Ça veut dire des juifs en Iran. Et même parmi les juifs, on était une minorité. À l’époque du Shah, il y en avait beaucoup qui voulaient devenir modernes, ils ne mangeaient plus casher, ils n’allaient pas à la…

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Auteur: Noémie Emmanuel