La presse est morte, vive la presse. — Jacques-Marie BOURGET

Ainsi, pendant vingt ans Rupert Murdoch, milliardaire australien ultra réactionnaire, s’est comporté en propriétaire du « 10 Downing street », le siège du Premier ministre britannique et organisé la rupture du Brexit. Blair, Brown et Cameron ont été les obligés d’un implacable ami : « Rupert ». Aux États-Unis le même monstre de presse a facilité l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche. L’impressionnant documentaire du réalisateur anglais Jamie Roberts, The Rise of the Murdoch Dynasty, suffit à dépeindre le Tchernobyl de presse qu’a provoqué ce tueur de journaux venu des antipodes.

Au XXIe siècle, la fiction Citizen Kane se joue en vrai sur une scène vaste comme la planète. La preuve par l’histoire nous démontre – trop tard – que le propriétaire d’un trust de presse peut diriger le monde. C’est même l’unique raison qu’il a pour posséder, en masse, journaux et télévisions. La masse qui assomme les masses.

Prononcer sur la presse les paroles d’un requiem, vous attire en général une réponse haineuse. Le mépris ou l’injure est comme un antidote pour un monde peu porté à l’autocritique. Sur notre Titanic mourrons donc en musique. Pourtant des milliers de jours étant passés, tout journaliste éveillé finit dans le métier comme un homme souffrant. Veuf d’un monde perdu. Faut-il rendre les journalistes coupables d’avoir enfilé les œillères et les chaînes tendues par le système ? Évidemment non.

Il existe encore des îlots où quelques Shadocks continuent de faire tourner le phare, des poches de résistance. La presse « mainstream » ne mérite plus son nom (les chiffres de lecteurs sont affligeants), mais, portée sur les ondes d’Internet, une nouvelle presse arrive pour chasser celle d’aujourd’hui. Ce mouvement de bascule a été bien compris par les milliardaires de presse. Voyant fondre leur public, ils tentent de le récupérer en amplifiant leurs éditions sur Internet.

« Toile » pourtant honnie dès sa création par les actionnaires et leurs profits : un possible espace de liberté s’ouvrait et il leur échappait. Leur première stratégie fut d’utiliser en masse l’arme de la diffamation. Tous les sites d’information, ou de réflexion, tous les journalistes publiant hors troupeau, sont épinglés, black-listés, marqués du sceau de « pas crédible ». Ces damnés étaient soit des « complotistes » producteurs de « fake news », soit « fascistes, rouges-bruns, gauchistes, islamo-gauchistes » ou pire.

Des brigades, formées de gardiens de…

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Auteur: Jacques-Marie BOURGET Le grand soir