La presse papier aidée au détriment de l'écologie

Depuis le 1er janvier, tous les éditeurs de presse papier sont censés contribuer financièrement au principe du pollueur-payeur. Cette « écocontribution », à l’instar de celle instaurée sur les emballages, permet de couvrir une partie des coûts de prévention et de gestion des déchets issus de leurs produits. Avant 2023, une très grosse majorité de la presse contribuait en « nature », comme le lui permettait la législation. Chaque année, les journaux pouvaient ainsi se contenter de mettre gratuitement une page de publicité à disposition des éco-organismes. Les lectrices et lecteurs voyaient alors apparaître dans les pages de leurs journaux un encart promouvant le tri et le recyclage.

La loi Agec a mis fin à ce régime d’exception. Mais peut-être pas pour très longtemps… Une proposition de loi actuellement discutée à l’Assemblée nationale prévoit que la presse puisse sortir de la filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) de papiers graphiques. Autrement dit que les éditeurs soient exemptés de toute contribution financière (avec effet rétroactif au 1er janvier 2023). Denis Masséglia, l’un des députés (Renaissance) à l’origine de ce texte, souligne que « la charge que représente ce financement direct pour la presse est estimée entre 15 et 22 millions d’euros ». Or, la presse va mal. « Le prix de la tonne de papier a doublé en un an, pour atteindre près de 900 euros en 2022, ce qui, selon les estimations de la filière, représente un surcoût de 120 millions d’euros », justifie le député, qui prédit un risque de déstabilisation de tout le secteur.

Si la proposition était adoptée, les journaux seraient uniquement obligés de publier un encart « destiné à informer le public sur la transition énergétique en lien avec l’économie circulaire et la préservation de la ressource en eau et de la biodiversité », contre signature d’une convention de partenariat avec l’État. « Toute société de presse qui ne signera pas la convention restera dans la REP et continuera à payer sa contribution en numéraire », assure Denis Masséglia.

Un manque à gagner important pour les collectivités

Si ce texte vise à soulager les éditeurs de presse papier, il est vivement dénoncé par Europe Écologie-Les Verts (EELV) et les collectivités locales. « La philosophie générale du texte est incompatible avec l’ambition écologique, objecte Nicolas Thierry, député EELV-Nupes de la Gironde. Aider une filière en difficulté financière, comme c’est ici le cas pour la presse, ne doit pas se faire au détriment de ses obligations environnementales. » Ce dernier note que c’est la première fois que des producteurs sortent d’une filière du…

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Auteur: Fabienne Loiseau Reporterre