La prophétie autoréalisatrice de la violence

L’assassinat de Samuel Paty a déclenché l’habituel rouleau-compresseur idéologique, politique et médiatique. Les charognards de toujours se sont bousculés sur les plateaux télés pour tenter de capitaliser sur la stupeur générale. Comme si l’horreur de l’attentat les autorisait à dire encore plus n’importe quoi. Le sociologue Michalis Lianos tente ici de rappeler quelques banalités de bases quant aux dynamiques communautaires et à l’hypocrise « républicaine ».

Nous avons raison de penser beaucoup à Samuel Paty et tort de ne pas penser autant à Abdullah Anzorov. Une force qui arrache un jeune homme à peine adulte à son environnement pour le précipiter à un endroit inconnu afin d’assassiner une personne inconnue, puis de commettre un suicide par police interposée, n’est pas une force conceptuelle ou idéologique vague. Elle est une force sacrificielle intense qui puise son énergie dans l’appartenance à une communauté ; en l’occurrence, pas une communauté nationale mais une communauté religieuse.

Attribuer à Anzorov la responsabilité individuelle de son acte implique sûrement sa condition mentale. Mais une condition mentale personnelle, quelle qu’elle soit, aboutit en général à des actes concrets selon l’état social qui l’entoure. Or, notre état social collectif avance dans une impasse que nous espérons magiquement extensible, car nos divisions s’approfondissent tandis que les classes influentes des démocraties capitalistes pensent que leur devoir est de ne rien changer. S’il est peu étonnant que le pouvoir porte vers la continuité, il est aussi vrai qu’aucune impasse n’est définitive. Une solution spontanée émerge toujours, et pour les rapports sociaux humains, cette solution est la violence.

Laisser la ségrégation ethnoraciale s’installer est terrible pour toute société contemporaine, mais pour une société fondée sur l’imaginaire de la citoyenneté universaliste,…

Auteur: lundimatin
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