La psychiatrie en temps de Covid

Dans cette tribune à la Zola, Sandrine Deloche, médecin pédopsychiatre, exerçant dans le secteur public, nous dresse un tableau chaotique de ce qu’est devenue la psychiatrie en général et celle qui est censée soigner les enfants et les adolescents, en particulier. La covid-19 est un révélateur supplémentaire de l’uberisation de la médecine qui soigne les esprits. Les chèques psy en bois, octroyés par un gouvernement inconséquent sont symptomatiques d’échecs redondants livrant à elle-même toute une génération sacrifiée.
Face à ce délitement programmé du soin psychique, les praticiens en sont réduits à tenter de préserver des fondamentaux non-négociables.

Psychiatre pour enfants et adolescents exerçant dans le service public,
J’accuse le silence des uns et l’inaction des autres.
J’accuse les pouvoirs publics de regarder, par-dessus l’épaule, la pédopsychiatrie prendre la vague de face, sachant son état défaillant et à l’abandon.
J’accuse les politiques de garder le petit doigt sur la couture et le regard à l’horizon, ignorant le désastre annoncé par les professionnels en colère, voici des mois voire des années.
J’accuse de faire vivre aux enfants, aux familles et aux soignants l’impensable, l’intenable.
Des mois d’attente avant d’être reçu en première consultation pour les uns, des semaines de lutte avant d’obtenir une hospitalisation urgente pour les autres. Des soignants débordés, le cœur chaviré, craquent. Des services saturés de demandes ou désertés par le personnel finissent par se détourner de leurs missions. Tous rognent sur l’éthique du soin, l’hospitalité comme bien commun, comme égalité des chances de notre socle social.
Enfermer, attacher, injecter, comprimer, détourner, délaisser…Aujourd’hui, une tension extrême règne en psychiatrie. Dans ces lieux de soins, on peut y subir toute forme de violence. Saurions-nous la repérer, la dénoncer ? Devrions-nous assumer de l’endosser ou de la faire subir ? Contenir la violence fait partie du métier, de son quotidien ; cependant les mauvaises conditions actuelles d’exercice fragilisent justement sa contenance, et à contrario favorise son émergence.
De cette violence partagée, j’accuse d’en être partie prenante malgré moi, sans que rien ne soit fait en face.
De cette interminable crise politiquement désignée de sanitaire, la 3e vague est bien là. Honteux et bouche cousue, on aurait un peu de mal à la désigner haut et fort de « psy », touchant de plein fouet toute une…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin