« La question sociale est prioritaire, imposons-la dans le débat plutôt que de coller à l'agenda de l'extrême droite »

Comme le reste de ses camarades insoumis, Adrien Quatennens n’a pas participé à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, le 19 mai. Ce qui ne l’a pas empêché d’en subir directement les conséquences, bloqué sur les bancs de l’hémicycle, où il siège en tant que député de la première circonscription du Nord. C’est donc un homme en retard malgré lui, et particulièrement remonté, que nous avons rencontré pendant deux bonnes heures au siège de La France insoumise (LFI), dont il est par ailleurs le coordinateur. L’occasion de revenir sur cette énième offensive de l’extrême droite, et d’interroger les stratégies et les propositions de son mouvement pour tenter d’y faire face, à un mois des élections régionales. Et à moins d’un an de l’élection présidentielle, pour laquelle son leader, Jean-Luc Mélenchon, a déjà fait acte de candidature. Cet entretien a été coréalisé par Basta ! et Politis.

Basta ! et Politis : Pourquoi LFI a-t-elle décidé de ne pas se rendre à la manifestation du 19 mai, à l’appel de plusieurs syndicats de police ?

Adrien Quatennens : Parce que nous savions qu’elle ne serait ni un hommage aux policiers tués ni une manifestation portant des solutions pour améliorer les conditions de travail des fonctionnaires. Nous nous sommes toujours associés aux hommages dus à la police. Mais là, sous couvert d’hommage, il s’agissait d’une manifestation revendicative prônant la surenchère sécuritaire. Ainsi, le syndicat Alliance y a affirmé que « le problème de la police, c’est la justice », et le porte-parole de l’Unsa qu’il faut « frapper les petites frappes ». Clou du spectacle justifiant aussi notre refus : la présence du ministre de l’Intérieur – ce qui est inédit, qui plus est devant l’Assemblée nationale – aux côtés des amis de Madame Le Pen et d’à peu près tout ce que le pays compte de nuances d’extrême droite. Le tout pendant que le garde des Sceaux, hué par les manifestants, était dans l’hémicycle. La question de la sûreté publique se pose évidemment. Mais qui peut croire que la surenchère pénale va dissuader les délinquants ? Que veut-on de plus que la réclusion criminelle à perpétuité prévue par le code pénal ? Que veulent-ils voir rétabli en France ?

Certains de vos partenaires à gauche, Fabien Roussel du PCF ou Yannick Jadot d’EELV, ont décidé de s’y rendre. Ne craignez-vous pas de devenir la seule force politique catégorisée « anti-flics » ?

Leur participation…

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Auteur: Barnabé Binctin, Ivan du Roy