La race et l'inconvertible

Comment comprendre les obsessions monstrueuses dont l’époque entoure ce qu’elle appelle « l’islam » ? Dans la magma écoeurant du débat public, ce sujet recommence à tout occulter : à la fois la pandémie et sa gestion sécuritaire, ses conséquences économiques et sociales, ainsi que les effets d’un désastre climatique qu’elle semble avoir suppléé comme incarnation de l’effondrement…
Il faudrait pouvoir se demander non pas ce que ce terme, « l’islam », désignerait vraiment, éternisant les querelles d’experts et les critiques des divers amalgames, grossissements, confusions et fantasmagories, mais ce qui se met à fonctionner lorsque s’élève le tumulte qui entoure son usage politique, sécuritaire et médiatique.
Est-il possible alors, comme le font des voix minoritaires et bien intentionnées, de n’y voir qu’un aspect collatéral du racisme et de la démagogie gestionnaire ? Ou la continuation de vieilles logiques policières et contre-insurrectionnelles ? Ou encore, banalement, une énième façon de détourner l’attention d’une opinion fatiguée, qui n’a plus rien à attendre de la politique que l’intensification de ses craintes et des raisons de demander plus de protection, plus de contrôle et de sécurité ?
Et en effet, ce qui fonctionne en France, lorsqu’on parle d’islam, c’est un peu tout ça… Mais n’y a-t-il pas autre chose ? Un élément qui serait comme le liant, la matrice et le principe moteur des tristes phénomènes qui viennent d’être cités ?

De ce point de vue, l’ouvrage de Mohamad Amer Meziane paru cette année permet de prendre une hauteur historique et théorique tout à fait salutaire. Outre les analyses imposantes qu’il propose concernant la dimension écologique de la sécularisation, il nous aidera à mieux comprendre en quoi une loi sur le séparatisme ou un Eric Zemmour ne sont que les effets les plus récents d’un processus historique de sécularisation qui « loin de toute séparation de la religion et de la politique (…) est une manière de politiser la religion en lui faisant jouer le rôle de la race ».
Les conséquences de cet ouvrage sont considérables. Il faudra du temps pour les méditer, les déplier, en mesurer la portée… Nous proposons un extrait de ce livre à la fois captivant, dense et exigeant, qui a entre autres mérites d’expliciter une de ses thèses les plus déroutantes : la mise en cause des distinctions communément admises, voire tenues pour évidentes, entre race et religion.

Mohamad Amer Meziane…

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Auteur: lundimatin