Josep Maria Antentas revient dans ce riche article sur la manière dont Daniel Bensaïd a repensé la lutte révolutionnaire, et plus généralement le rapport entre politique et histoire, à partir d’une conception du messianisme empruntée à Walter Benjamin.
Josep Maria Antentas est professeur de sociologie à l’Université autonome de Barcelone (UAB) et membre du Conseil consultatif de Viento Sur. Il est l’auteur de nombreux articles traduits et publiés par Contretemps.
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« Actualité de la révolution ? Sans doute, à condition toutefois de prendre cette actualité au sens benjaminien de possible et non de nécessité. C’est-à-dire réellement comme une tâche et non comme une prédiction. La barbarie, hélas, n’a pas moins de chances que le socialisme »[1]. (Daniel Bensaïd).
Depuis 1989, avec la publication de Moi, la Révolution jusqu’à sa mort en 2010, date après laquelle l’inachevé Le Spectacle, stade ultime du fétichisme de la marchandise (2011) verra le jour, Daniel Bensaïd a développé un travail particulier et original axé sur la réflexion politico-stratégique. Bensaïd était à la fois un militant et un théoricien et sa production intellectuelle est directement associée à un engagement politique qu’il a toujours compris de manière collective et organisée, et comme une tâche à long terme. Il n’a jamais été à l’aise avec l’étiquette de philosophe (« professeur de philosophie » corrigeait t-il) ni avec la notion d’« intellectuel engagé », mais plutôt avec celle d’« engagé intellectuel », disait-il, car l’ordre des mots importe[2].
Bien que les deux facettes, celle du militant et celle du théoricien, soient inséparables dans son itinéraire, elles se sont articulées de façon inégale au cours de sa vie. En ce sens, la trajectoire de vie de Bensaïd comporte deux parties. La…
Auteur : redaction
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