« La réalité de l'agriculture française, ce sont des hommes et des femmes qui se cassent le dos »

Reporterre publie une série d’articles afin de décrypter «l’envers du manger français». En parallèle de cet entretien, vous pourrez lire :

 un dans des vergers des Bouches-du-Rhône, où sont employés des travailleurs étrangers, bien souvent dans des conditions de travail et d’hébergement indignes;

 des de ces hommes et de ces femmes qui ramassent nos abricots, pêches et melons.

Yann Prévost est avocat au barreau de Marseille et de Paris. En 2012, il est devenu l’avocat de la famille d’Elio Maldonado, travailleur détaché équatorien mort de déshydratation dans une exploitation des Bouches-du-Rhône. Il défend d’autres saisonniers agricoles, notamment pour conditions de travail indignes et harcèlement sexuel et s’apprête à faire face aux avocats de la société Terra Fecundis, entreprise de travail temporaire (ETT) espagnole spécialisée dans la mise à disposition de main-d’œuvre agricole en France. 

Frédéric Decosse est sociologue et chercheur au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail du CNRS. Il a parcouru les exploitations agricoles camarguaises et de la Crau (Bouches-du-Rhône) pendant plusieurs années et a écrit sa thèse sur les saisonniers marocains dans les Bouches-du-Rhône, intitulée .

Leurs regards croisés aident à comprendre la complexité juridique et sociologique du détachement dans le secteur agricole en France.


Reporterre — Qui sont les saisonniers agricoles aujourd’hui en France?

Yann Prévost — Certains travailleurs sont sédentaires en France, qu’ils soient Français ou d’origine étrangère. D’autres viennent d’ailleurs pour compléter les effectifs, parce qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre en France. Dans ceux-ci, deux types de profils se dégagent : ceux employés dans des conditions tout à fait normales, qui viennent pour une mission et puis repartent. Et ceux qui ne sont pas en mesure de dire non à une proposition beaucoup plus floue. Ils sont souvent à la disposition d’une société intérimaire [étrangère] mais également des exploitants français et travaillent dans les conditions qu’on leur désigne, là où on leur dit, avec parfois des journées de plus de douze heures, des conditions d’hébergement déplorables et un salaire…

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