La réalité virtuelle aide à mieux apprendre : à quelles conditions ?

Inventés il y a déjà plusieurs décennies, les concepts de réalité virtuelle et de réalité augmentée ont reçu depuis quelques années des coups de projecteurs médiatiques très importants. Les raisons principales en sont la démocratisation importante des technologies et les très forts investissements réalisés par les GAFAMs sur ces sujets.

Parmi les domaines d’application susceptibles de bénéficier de ces développements se trouve la formation, domaine pour lequel la réalité virtuelle ou la réalité augmentée offrent de très nombreux avantages. Sans être exhaustif, on peut relever les atouts suivants :

  • la possibilité de mener des expériences sans aucun danger pour l’apprenant ou pour le matériel. C’est le cas typique d’un appareil très onéreux qu’un apprenant serait susceptible d’endommager lors de sa formation ;

  • une mise en situation aisée de l’apprenant y compris lors de situations critiques, comme le dysfonctionnement d’un équipement qui peut devenir dangereux ;

  • un contrôle total de la situation d’apprentissage et suivi de l’apprenant. Cela permet au formateur de disposer à tout instant des données de progression d’un apprenant et dans certains cas à toutes les actions réalisées par l’apprenant en « rejouant » virtuellement la séquence de formation.

La technologie est donc déjà ancienne et nous serions tentés de croire que tous les écueils sont répertoriés et qu’il est aisé de créer une application de réalité virtuelle par exemple dans le domaine de la formation. L’expérience montre que ce n’est pas si simple que ça et que de très nombreux risques, par ailleurs fort bien documentés dans la littérature scientifique, ne sont pas suffisamment pris en compte par les développeurs dans l’élaboration des applications.

Temps de latence

Pour illustrer le propos sur ces difficultés auxquelles se heurtent les concepteurs d’applications, nous allons prendre quelques exemples.

D’abord, pour être reproduits dans le virtuel, les phénomènes physiques, même les plus élémentaires du monde réel, doivent être simulés, qu’il s’agisse de l’effet de la gravité, de contacts ou collisions entre des objets, de la propagation de la lumière… Ces simulations résultent souvent de la résolution de système d’équations complexes qui nécessitent du temps de calcul de la part des ordinateurs, et donc des délais lors de l’interaction avec l’utilisateur.

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L’instantanéité des phénomènes physiques ne peut pas être reproduite dans le virtuel et ceci a des conséquences sur la perception qu’en aura l’utilisateur. En effet, le délai appelé aussi latence peut perturber le caractère naturel de l’interaction.

Prenons un exemple tout simple, le réflexe vestibulo-occulaire,…

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Auteur: Bruno Arnaldi, Professeur en Informatique, INSA Rennes