La réalité virtuelle, le futur de la retransmission sportive ?

La Coupe du monde de football, qui a débuté le 20 novembre et se déroulera jusqu’au 18 décembre au Qatar, remet en cause l’ensemble de la structuration du secteur du sport professionnel. Si les enjeux humains, environnementaux et géopolitiques ont longtemps été évoqués, la nouvelle édition du Mondial interroge également le fonctionnement économique du secteur.

Pour la première fois, un évènement sportif international n’est pas pensé pour accueillir des millions de supporters. L’organisation vise une expérience « prémium » où l’accent est placé sur la qualité des supporters plutôt que sur la quantité. Selon le magazine So Foot, les supporters tricolores devraient par exemple être 12 fois moins nombreux à faire le déplacement qu’en 2018 en Russie.

Le tournant est considérable pour l’industrie du spectacle sportif. Le Qatar n’accueillera pas une immense foule internationale sur ses terres. L’émirat compte sur la retransmission pour toucher le plus grand nombre de spectateurs tout en limitant le nombre de touristes sur le territoire.

L’essor de certaines nouvelles technologies offre des solutions techniques à cette stratégie singulière. Ainsi, le Qatar a misé sur la réalité virtuelle (VR) pour sa promotion, à l’image d’une vidéo de présentation du Lusail Stadium qui accueillera la finale diffusée il y a trois ans.

Lusail Stadium 360° Experience (Qatar 2022).

Au-delà du Mondial 2022, cet outil pourrait résoudre les difficultés à organiser des évènements sportifs de grande envergure et permettre aux utilisateurs/publics d’assister virtuellement à ces évènements.




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Au Moyen-Orient, cette stratégie n’est pas nouvelle. En début d’année, les Émirats arabes unis accueillaient l’exposition FC Barcelone à Dubaï, qui plaçait l’immersion et la réalité virtuelle au cœur de l’expérience. En 2015, l’État fédéral émirati était déjà associé à un tel dessein, mais, cette fois-ci avec le grand ennemi du FC Barcelone : le Real Madrid souhaitait créer un immense parc d’attractions s où la réalité virtuelle aurait été au cœur du projet. L’ambition pour le géant du sport espagnol était de créer un deuxième lieu de spectacle sportif pour mettre fin aux limites physiques du stade Santiago Bernabeu.

Un choix infini d’angles de caméra

Dans notre contribution à l’ouvrage collectif Marketing international du sport (Éditions De Boeck Supérieur), nous avons mis en avant les stratégies et nouveaux modèles de divertissement parmi lesquels l’enjeu de la diffusion a pris une place essentielle. Il est donc devenu crucial d’innover et de se réinventer pour réussir à séduire un public de moins en moins passif devant l’écran. Les services de retransmission télévisée s’intéressent donc aux nouvelles technologies comme la VR pour survivre à l’évolution des usages mais aussi pour justifier leurs tarifs.

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C’est par exemple le cas dans la NBA, le championnat de basket-ball américain, dont le président Adam Silver, estime qu’une nouvelle façon de diffuser le sport est inévitable. La franchise des Los Angeles Clippers a ainsi développé CourtVision, une offre personnalisée combinant diffusion et réalité virtuelle qui permet aux retransmissions de gagner en valeur ajoutée grâce à une expérience dynamique et autonome.

Présentation de ClipperVision (LA Clippers, octobre 2022).

La plus-value apportée par la VR repose sur sa capacité d’immersion dans le match depuis chez soi. La technologie apporte du dynamisme à la retransmission, la possibilité d’interagir avec les autres ainsi que des informations permettant une meilleure compréhension du jeu. Le champ des possibles s’étend des stades pendant les matchs, au développement d’opportunités pour les sponsors.

Cette technologie vient également faire le pont avec le jeu vidéo, médium particulièrement populaire aujourd’hui. Le célèbre développeur Unity travaille par…

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Auteur: Baptiste Brossillon, Doctorant en économie et management du sport, Université Paris-Saclay