« La référence au Front populaire permet de lier conscience du danger et victoire possible »

Frédéric Monier enseigne à l’université d’Avignon, où il coordonne des recherches sur l’histoire de la corruption politique. Il est d’abord un spécialiste de l’histoire du Front populaire. Biographe de Léon Blum (Léon Blum. La morale et le pouvoir, Armand Colin, 2016), il a publié deux contributions à l’Histoire des gauches françaises (ouvrage dirigé par Jean-Jacques Becker et Gilles Candar, La Découverte, 2005) : l’une sur le cartel des gauches (1924), l’autre sur le Front populaire.

La référence au Front populaire adoptée par la nouvelle alliance en cours de construction entre les différentes formations de gauche vous semble-t-elle justifiée, en dépit d’un contexte et d’un système institutionnel très différents de ceux de 1936 ? Ou n’est-ce qu’un coup politique ou de communication ?

Je n’y vois pas un simple coup politique, même si on peut apporter quelques nuances en ce sens. C’est d’abord une référence dont peuvent se réclamer la plupart des groupes ou formations politiques qui négocient aujourd’hui ou s’entendent sur cette alliance. C’est un épisode historique qui, d’une certaine manière, peut faire consensus en leur sein. Et il n’y en a finalement pas tellement d’autres qui pourraient le faire aussi bien. Cela me semble important à noter, sachant que les gauches françaises ont déjà fait référence après 1936 au Front populaire lorsqu’elles souhaitaient s’unir au moment d’élections qu’elles jugeaient importantes. Je pense notamment aux années 1970 autour du programme commun et de l’« union de la gauche ». Je pense aussi aux élections de 1981, en particulier aux législatives. On connaît tous le slogan de François Mitterrand, « La force tranquille », qui était une référence directe à un discours de Léon Blum de 1936.

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Auteur: Olivier Doubre