La répartition géographique des poissons d’eau douce, nouveau marqueur de l’Anthropocène ?

Est-on entré dans l’ère géologique de l’Anthropocène, une « époque de l’homme » où l’humain serait devenu la principale force de changement planétaire, surpassant les forces géologiques naturelles ? La question est débattue par la communauté scientifique, en particulier au sein de la Commission internationale de stratigraphie, qui travaille sur le sujet depuis 2009. En juillet dernier, l’enregistrement sédimentaire pressenti pour faire figure de référence et définir la transition de l’Holocène à l’Anthropocène avait été sélectionné en Ontario, au Canada.

Quels sont les indices qui peuvent témoigner de l’entrée dans l’Anthropocène ? Les géologues et paléontologues accumulent toutes sortes de preuves : traces visibles dans les couches sédimentaires telles que la pollution plastique ou la radioactivité, ou encore les changements dans les fossiles à cause de la crise de la biodiversité. Ainsi certains chercheurs proposent même de considérer, comme marqueur les os des poulets que nous consommons, qui deviendront fossiles d’ici quelques millions d’années.

Mais ce n’est pas la seule façon dont notre espèce a bouleversé la biodiversité planétaire. Avec une équipe internationale, qui réunissait notamment le laboratoire BOREA du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), le CNRS et l’IRD, nous avons montré comment les sociétés humaines ont redessiné la géographie de la biodiversité des poissons d’eau douce.

Nous postulons qu’il s’agit là de changements majeurs, qui constituent une nouvelle preuve de l’entrée dans l’Anthropocène. Nos travaux ont été publiés ce 17 novembre dans la revue Science Advances.

Comment la tectonique des plaques a isolé les poissons d’eau douce

Pour bien comprendre ces résultats, il faut remonter un peu dans l’histoire de la planète. Les 11 000 espèces de poissons d’eau douce qui peuplent la planète sont cantonnées à leurs…

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Auteur: Boris Leroy, Maître de conférences en écologie et biogéographie, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)