« La révolution est pour l'heure maître de la situation » : Léo Frankel, communard sans frontières

Libertalia publie la première biographie en français de Léo Frankel (1844-1896), né à Budapest, seul élu étranger de la Commune de Paris. Militant de la Première Internationale, dont il intègre la direction lors de son exil à Londres, il est un proche de Karl Marx. Il est emprisonné sous le Second Empire. Pendant la Commune, il est élu à 27 ans responsable de la commission du Travail, puis condamné à mort par contumace par les Versaillais. Ouvrier d’orfèvrerie, puis correcteur, enfin journaliste, il travaille et milite dans de nombreux pays d’Europe (Hongrie, Autriche, Allemagne, France, Grande- Bretagne). Son parcours militant internationaliste et ses articles montrent l’aspiration à un socialisme révolutionnaire qui réaliserait l’autoémancipation ouvrière. Les gravures qui accompagnent cet extrait sont issues d’une exposition à ciel ouvert organisée par la mairie du 13ème arrondissement de Paris, où existe une rue Léo Frankel (voir ci-dessous).

Voici un extrait du livre, racontant les débuts de la Commune et l’implication de Léo Frankel.

Dès les jours suivant le 18 mars, les journaux supprimés reparaissent, d’autres se créent, nombre d’entre eux reprennent le calendrier révolutionnaire instauré en 1792. Le comité central de la Garde nationale se retrouvant provisoirement en charge du pouvoir à Paris, il convoque des « élections communales » dans tous les arrondissements, décide la levée de l’état de siège ainsi que la libération de « tous les détenus politiques », et annonce vouloir « faire ­respecter la liberté de la presse, ainsi que toutes les autres ».

Le 22 mars, Frankel écrit à Becker :

« La révolution est pour l’heure maître de la situation, une révolution menée pacifiquement – bien qu’elle ne soit pas encore achevée – par des hommes qui ne se sont fait un nom ni dans le journalisme, ni sur la tribune, pas plus sur Pégase [les personnes qui ont acquis leur renommée grâce aux lettres, Pégase symbolisant, dans la mythologie grecque, l’inspiration poétique (NdT)] que dans la diplomatie, car il s’agit pour la plupart d’hommes qui sont nés dans de modestes logis et ont péniblement gagné leur vie dans les ateliers. C’est aussi ce qui fait pester de rage la bourgeoisie. »


Proclamation de la Commune de Paris devant l’Hôtel de Ville, le 28 mars. « Il s’agit pour la plupart d’hommes qui sont nés dans de modestes logis et ont péniblement gagné leur vie dans les ateliers. C’est aussi ce qui fait pester de rage la bourgeoisie »,…

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Auteur: Julien Chuzeville