La révolution microbienne racontée par Hector Lebrun, témoin privilégié du XIXᵉ siècle

Représentation schématique du concept One Health (Une seule santé).

Depuis le début du XXIe siècle, un nouveau paradigme s’impose en infectiologie et en santé publique : One Health (une seule santé), basé sur la reconnaissance des interconnexions entre santé humaine, santé animale et état des écosystèmes. Il remplace celui de la théorie microbienne de Pasteur et Koch (XIXe s.) et constitue un retour partiel à l’antique théorie des miasmes d’Hippocrate, qui attribuait à l’environnement un rôle prédominant dans l’émergence des épidémies.

Ces changements de paradigme ont des implications majeures en santé publique : la théorie des miasmes avait servi de base aux politiques hygiénistes visant à assainir les villes, puis la théorie microbienne avait mis l’accent sur la lutte contre les agents pathogènes via la stérilisation des aliments, les antibiotiques et la vaccination. One Health recommande désormais d’agir également sur les conditions socio-économiques et environnementales favorisant les infections.

Pour mieux en saisir les implications, revenons sur la naissance de la théorie microbienne qui a façonné notre vision des pathogènes depuis plus d’un siècle avec pour guide un témoin privilégié de son développement, Hector Lebrun.

Un savant généraliste

Hector Lebrun penché sur un microscope

Hector Lebrun (1866-1960) va s’intéresser à la microscopie.
BUMP, Author provided

Hector Lebrun est un scientifique belge né en 1866. Il étudie les sciences naturelles à la Faculté des sciences du Collège Notre-Dame de la Paix à Namur (UNamur), obtient à l’Université de Louvain (UCL) un premier doctorat en médecine en 1893, puis un second en 1897 en sciences naturelles.

Entre 1898 et 1908, il réalise de nombreux séjours à l’étranger, tant en Europe qu’aux États-Unis. D’abord assistant à l’UCL, puis successivement aide-naturaliste et conservateur au Musée des sciences naturelles de Bruxelles, il est finalement nommé chargé de cours en anatomie et physiologie à l’Université de Gand.

Dessins réalisés par Hector Lebrun sur base d’observations en microscopie. À gauche deux schistomomes, mâle et femelle, enlacés et à droite un ténia (vers solitaire).
BUMP

Chercheur éclectique, savant généraliste, Lebrun s’intéresse à la reproduction des batraciens, aux techniques de microscopie, à la théorie de l’évolution, à l’archéologie et à la muséologie. Né dans un siècle malmené par les flambées épidémiques, il étudie aussi la question de l’immunité contre les maladies infectieuses.

C’est ainsi qu’en 1897, il publie un long article intitulé « L’immunité dans les maladies microbiennes » dans la Revue des questions…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste. Directeur de recherches au FNRS, Université Libre de Bruxelles (ULB)