La royauté en majesté : les médias français jubilent

On savait de longue date les médias fascinés par les têtes couronnées. Le jubilé de platine de la reine Élisabeth II a rappelé combien, y compris en France, la célébration de personnages illustres est propice à anesthésier non seulement le téléspectateur mais avec lui toute velléité critique, notamment à l’endroit du pouvoir et des puissants. Analyse de quelques ressorts d’un engouement médiatique « universel ».

« Un événement planétaire » ?

Si l’on distingue, avec Patrick Champagne, « l’événement qui s’impose » et « l’événement que l’on impose », le jubilé de la reine relève à l’évidence de la seconde catégorie. Car ce sont bien les moyens médiatiques hors norme mobilisés qui ont seuls permis d’en faire un événement à même de susciter l’intérêt au-delà des frontières du Royaume-Uni. En effet, pour quel autre événement (hormis sportif…) les principales chaînes consacrent-elles simultanément plusieurs heures de direct consécutives, déprogrammant au passage leurs sacro-saints JT de 13h, à grand renfort d’éditions spéciales et d’experts-ès-royauté ? Ne craignant pas d’universaliser leur cas particulier, les éditorialistes sur BFM-TV n’ont ainsi pas hésité à affirmer que les festivités ont « fait énormément de bien à tout le monde, dans le monde entier », ou encore que « c’est une émotion incroyable pour le monde entier de voir la reine » et qu’au reste « c’est pas la grand-mère ou l’arrière-grand-mère des Britanniques, mais du monde entier. » Rien que ça… Par conséquent, c’est d’abord en pariant aux quatre coins du monde sur des dispositifs exceptionnels réservés aux « grandes occasions » que les médias contribuent à faire de cérémonies d’un autre temps des événements planétaires, sans lésiner sur les formules emphatiques – le moment étant rien de moins qu’« historique ».

Fascination des puissants

Il suffit alors aux médias dominants de céder à leur penchant naturel en misant sur le spectaculaire, sachant pertinemment qu’ils seront servis en matière de pompe, parade et apparat. Outre l’inénarrable Stéphane Bern, furent donc logiquement convoqués en plateau les plus éminents géopolitologues des magazines Point de vue et Voici pour commenter l’événement, chacun postulant que les bien-nés méritent d’être admirés. La fascination presque hypnotique voire fanatique suscitée par les moindres faits et gestes de la reine et de son entourage (un live-tweet du Monde était-il bien…

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Auteur: Thibault Roques Acrimed