Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les animaux lents, comme l’âne et l’escargot, étaient associés à la sagesse. Mais, dès le XVe siècle, le temps ne doit plus être perdu car il vaut de l’argent, et la lenteur cesse d’être admirée. Aujourd’hui, avec la « Grande Accélération » qui essouffle la planète et les vivants, la sagesse de l’escargot redevient cependant un emblème des comportements à adopter par l’humanité, notamment pour le mouvement Slow et la décroissance. Retour sur les rapports contrastés que nous entretenons avec cette incarnation de la lenteur.
La disqualification de la patience et de la lenteur
À la fin du Moyen Âge, la patience était encore une qualité précieuse pour qui souhaitait faire des affaires. Les meilleures affaires étaient celles qui réclamaient le plus de temps, pour aller chercher la marchandise, la transporter, la vendre sur les marchés et les foires. La plus grande patience était alors récompensée par les plus grands profits, bien des années après la mise de fonds initiale.
Les marchands du Moyen Âge étaient de fait patients en affaire et suivaient très scrupuleusement les préceptes religieux en employant leur temps de manière utile, pour plaire à Dieu. Pour les chrétiens, le temps est un don divin qu’il ne faut pas gaspiller, car cela reviendrait à voler Dieu, un péché capital connu sous le nom de paresse. À partir du XIIIe siècle, la paresse devient même le péché qui connaît les condamnations morales les plus sévères, « la mère de tous les vices », car elle ouvre la porte à bien d’autres péchés, y compris capitaux, comme la gourmandise et la luxure.
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Auteur: Henri Jorda, Maître de conférences Sciences économiques, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)