La brutalité, l’inanité et l’ampleur des mesures prises par le régime de Trump à l’encontre de pans entiers de la recherche publique sont stupéfiantes et effrayantes. Si notre soutien à celles et ceux qui les subissent est une évidence, la gravité de la situation oblige au discernement. On a pu lire ou entendre, en réaction à ces événements, que la science était attaquée par l’obscurantisme, ou encore que la science c’est la liberté, ou encore que la science est émancipatrice.
Si tant est que cette entité nommée « la science » existe, il faudrait alors préciser ce qu’elle recouvre.
Que dire de toute l’histoire de la relation étroite entre les sciences et la guerre ? Ou encore entre les sciences et le fascisme ? Les scientifiques qui travaillent pour Tesla, SpaceX, X, ou la prospection et l’extraction pétrolière font-ils partie de « la science » ? Car eux ne semblent pas subir de problèmes particuliers depuis l’arrivée de Trump au pouvoir. Dans nos démocraties, les sciences qui présentent la capture et le stockage souterrain du CO2 atmosphérique ou la géo-ingénierie comme solutions au dérèglement climatique, ou celles qui nous disent que l’usage des pesticides est indispensable à l’agriculture, ou encore celles qui développent l’intelligence artificielle (pour ne prendre que quelques exemples), font-elles partie de « la science émancipatrice et synonyme de liberté » ?
En réalité, ce qui est ciblé aux États-Unis ce sont les programmes de recherches dont les résultats pourraient nuire aux intérêts personnels de Trump, Musk et de leur clique, par exemple les sciences du climat, ou les institutions qui ne s’alignent pas sur leur idéologie machiste, suprématiste, xénophobe et anti-palestinienne. Il y a donc bien une attaque massive et autoritaire mais ce n’est pas « la science » qui est visée, ce sont les services publics, la liberté d’expression et la liberté…
Auteur: dev