la Sécu, un bien commun

Ce fut, en 1945, une victoire politique du mouvement ouvrier que d’instaurer une socialisation d’une partie du salaire.

Le concept de bien commun a été réhabilité pour désigner à la fois les biens que la collectivité décide d’élever au statut de « communs » et la méthode démocratique pour les gérer collectivement. Mais, le plus souvent, ce concept concerne les biens que la dévastation écologique menée par le capitalisme productiviste menace, condamne et/ou privatise : l’eau, l’air, toutes les ressources naturelles, la terre, la préservation du climat, les connaissances, etc. En témoignent les nombreuses luttes qui sont menées par des communautés, des associations, partout dans le monde, pour en asseoir la légitimité et en assurer la pérennité.

Mais il est une institution à propos de laquelle il est rarement dit qu’elle relève du bien commun dans ses deux acceptions. Il s’agit de la Sécurité sociale, dont nous devrions célébrer le 75e anniversaire pour en rappeler le sens politique. D’une part, la Sécu réalise une mise en commun d’une partie de la valeur ajoutée par le travail, par le biais de la cotisation sociale calculée par un pourcentage du salaire. Ce fut, en 1945, une victoire politique du mouvement ouvrier, grâce à la pression de la CGT et du Parti communiste, que d’instaurer une socialisation d’une partie du salaire. Une socialisation qui est passée en quelques décennies de 0 à 40 % environ de ce salaire, cotisation incluse. Certes, cette avancée politique a été affaiblie idéologiquement par l’invention d’une trouvaille sémantique distinguant cotisation salariale et cotisation patronale, alors que c’est le travail qui paie tout (puisque, de toute façon, il crée toute la valeur économique). Il n’en reste pas moins que le principe de la Sécu est l’une des victoires sociales les plus impressionnantes du…

Illustration : Ambroise Croizat, fondateur de la sécurité sociale.

Auteur: Jean-Marie Harribey
La suite est à lire sur: france.attac.org