« La situation des aires d'accueil pour “gens du voyage” remplit tous les critères du racisme environnemental »

Depuis octobre 2019, William Acker, juriste, a entrepris un travail de recensement des lieux dit d’accueil attribués par les collectivités aux gens du voyage. Le constat est sans appel : à l’image de l’aire du Petit-Quevilly, situé à côté de l’usine Lubrizol de Rouen partie en fumée en 2019, la majorité des aires de France sont installées à proximité directe de sources de pollutions toxiques et sonores : déchetteries, décharges, stations d’épuration, autoroutes, voies de TGV, sites industriels dangereux, sociétés d’équarrissage… À cela s’ajoute l’exclusion : 70 % des aires d’accueil sont isolées des zones d’habitation, seuls 19 % ne sont ni isolées, ni exposées à des sources de pollution visibles du ciel. Les habitants de ces lieux de vie n’ont pourtant pas d’autre choix que d’y aller : ils sont obligés d’installer leur habitation mobile sur les aires désignées par les collectivités. L’accès à ces aires est payant, limité dans le temps, et ces espaces font souvent l’objet d’une surveillance permanente par des agents publics ou des sociétés privées.


Extrait de l’inventaire de William Acker dans Où sont les gens du voyage ?

Pour le juriste, cette situation marque la continuité des discriminations qui s’exercent encore et toujours envers les citoyens considérés par les pouvoirs publics avant tout sous la catégorie administrative « gens du voyage ». Lui-même issu d’une famille de voyageurs, William Acker dénonce le racisme environnemental dont sont l’objet les voyageurs en France. Son travail d’inventaire est aujourd’hui publié dans un livre, Où sont les « gens du voyage » ? – Inventaire critique des aires d’accueil, aux éditions du Commun, et en ligne sur le site de réflexions cartographiques Visionscarto.

Basta ! : Avant de commencer le recensement aire par aire, vous saviez déjà qu’un très grand nombre d’entre elles sont exposées à des pollutions et toxiques divers ?

William Acker : Il s’agit d’un état de fait ancien, que les Voyageurs dénoncent depuis des années, à l’image du collectif des femmes d’Hellemmes-Ronchin, dans le Nord, qui se battent contre la situation de leur aire. Les travaux de la chercheuse Lise Foisneau sont venus documenter et démontrer l’ampleur de ces inégalités environnementales. Mais jusqu’alors, il n’existait pas de données exhaustives pour mesurer cela. Lors de l’incendie de Lubrizol, face à la situation des habitants de l’aire voisine, une action collective de…

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Auteur: Rachel Knaebel