« La sobriété n'est pas une norme à négocier »

Paris, reportage

« Comment faire de la sobriété un horizon politique désirable et commun ? » C’est entourée de trois experts et dans une salle comble qu’Hortense Chauvin, journaliste à Reporterre et autrice d’une grande enquête sur la sobriété, a ainsi ouvert le débat, le 30 mars à l’Académie du climat.

Culturellement, pas facile de faire passer la sobriété comme « désirable », a fortiori dans une société qui a fait de la surconsommation une ligne de conduite et encore moins dans un gouvernement qui la place derrière l’efficacité et les solutions technologiques. Pourtant, les économies d’énergie et un mode de vie plus sobre en général sont nécessaires si l’on veut enrayer les effets du changement climatique.

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La sobriété est-elle vraiment désirable ? « Si elle l’était, cela voudrait dire qu’elle serait négociable, ce qui n’est pas le cas. On sait pourtant ce qu’est le superflu. Dès l’Antiquité, les philosophes grecs ont expliqué que l’excès d’ébriété devait être régulé, explique Bruno Villalba, sociologue et maître de conférences en science politique à AgroParisTech. La sobriété n’est pas une norme à négocier : c’est la condition de notre adaptation aux limites planétaires. »

À cette question sémantique, Éric Vidalenc, spécialiste des questions énergétiques, s’interroge : « Au lieu de parler de sobriété, nous devrions peut-être utiliser le terme “satiété”, qui illustre un état de satisfaction. Car à travers l’enjeu des limites planétaires, c’est la question de l’équilibre qui est posée. Manger moins de viande ? C’est meilleur pour la santé. Prendre le vélo plutôt que sa voiture ? Cela permet de lutter contre la sédentarité. Revenir sur des logements moins volumineux ? Cela permet un meilleur partage de l’espace. À chaque aspect de la vie, nous pouvons trouver des cobénéfices. »

« Nous n’avons plus le choix de transformer nos modes de vie si nous voulons une trajectoire vivable »

De son côté, Valérie Guillard, docteure en science de gestion, rappelle que la sobriété n’est pas qu’une question énergétique : « Il y a encore énormément de posts [sur les réseaux sociaux] où l’on surconsomme. Je pense au textile avec la fast fashion, mais il y en a plein d’autres. » Dans son livre Du gaspillage à la sobriété — Avoir moins et vivre mieux ? (De Boeck Supérieur, 2019), les recherches qu’elle a rassemblées montrent que les comportements des Françaises et Français en matière de consommation sont restés stables. Les changements que l’on observe aujourd’hui sont « très corrélés…

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Auteur: Léa Dang Reporterre