« La social-démocratie paye très cher sa trahison »

« Pas fatigué, ni aigri », mais il l’avait annoncé : il ne ferait pas carrière dans la politique. Après trois mandats au Parlement européen, où il s’est distingué par sa détermination à lutter contre la finance reine et à défendre la justice sociale, Philippe Lamberts, membre du parti belge Écolo, ne se représente pas aux élections européennes de juin.

Quelle responsabilité porte la gauche dans sa perte d’influence généralisée dans l’Union européenne ?

Il faut rechercher les racines de la désaffection citoyenne à l’égard des différentes composantes de la gauche dans les années 1980 et 1990, quand la force principale de celle-ci en Europe, à savoir la social-démocratie, renonce graduellement à son agenda de transformation sociale. Pièce par pièce, la plupart des partis qui la composent rejoignent l’agenda néolibéral et sa doctrine du « tout au marché », qui perçoit l’État comme perturbateur de son équilibre général.

La social-démocratie britannique franchit le pas la première, avec Tony Blair. Puis le mouvement se propage en Scandinavie, en Allemagne avec Gerhard Schröder, aux Pays-Bas, en Belgique. Et en France bien sûr, où l’une des mesures les plus emblématiques est le cadeau fait par François Hollande aux détenteurs de capitaux, avec le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) – 20 milliards d’euros par an sans obligation de création d’emplois à la clé.

On a vu ces partis adopter des réformes fiscales antiredistributives, déréguler le marché du travail, affaiblir les syndicats.

On a vu ces partis adopter des réformes fiscales antiredistributives, déréguler le marché du travail, affaiblir le pouvoir de négociation collective des syndicats. Ce revirement idéologique et politique est une lame de fond, qui va progressivement éloigner l’électorat traditionnel de la gauche…

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Auteur: Patrick Piro