« La société est plus politisée et moins anesthésiée » – Entretien avec Usul

Usul (nom tiré du roman Dune de Frank Herbert) est un chroniqueur et vidéaste. Il s’est initialement fait connaitre par ses vidéos autours du jeu vidéo avant de se diriger vers la politique avec, entre autres, une série de vidéos sur les penseurs actuels (Mes Chers Contemporains). Son succès sur YouTube est lié au subtil dosage entre humour, documentation et opinion politique tranchée dont il fait preuve, notamment avec son comparse Contentin dans l’émission « Ouvrez les guillemets » pour Mediapart ainsi que pour « les portraits » de Blast. Comme nous, Usul parle de « bourgeoisie », de « lutte des classes » et parfois de « classes laborieuses », en toute décontraction. Cet été, nous avons voulu discuter avec lui du contexte politique et social, des dernières élections et de la dynamique de la gauche.

Contrairement à ce dont l’extrême droite aime bien t’accuser, tu ne viens pas d’un milieu bourgeois. Tu veux bien nous raconter d’où tu viens ? 

Mon père était ouvrier dans une usine d’amortisseurs et travaillait sur la ligne de production. Il a perdu son travail à cause d’une délocalisation et d’un plan social, c’était à l’époque de Jospin. Il a retrouvé du boulot, plus loin, ce qui nous a fait quitter la Normandie. On est arrivés du côté de Royan, où il a travaillé dans la logistique. 

Avant Youtube, tu as fait pas mal de boulots différents. 

J’ai fait deux ans de télémarketing, deux ans de Macdo… En gros depuis mes 18 ans, j’ai bossé et j’ai connu le monde du travail. Plus que pas mal de fachos qui disent que je suis un bourgeois. 

Qu’est ce que tu as tiré de ces expériences ? 

Ce sont des boulots où tu regardes ta journée passer lentement. C’est un ennui : tu ne regardes pas l’heure parce que sinon tu réalises que seulement dix minutes ont passé depuis la dernière fois… Tu essayes de te mettre dans autre chose, de fuir sans bouger de ta place en faisant ce que tu dois faire. Tout le monde a sa petite stratégie. Les écouteurs par exemple, mais il y a des boulots où tu n’as pas droit aux écouteurs parce qu’il faut pouvoir entendre. Dans un grand entrepôt, par exemple, tu dois pouvoir entendre le fenwick ou le transpalette arriver. 

J’en retiens aussi plein d’humiliations, plein de petits moments où tu es traité comme de la merde. Sur les plateaux de télémarketing il y en a qui nous appelait littéralement “le bétail” : quand on remontait de la pause clope il disait “c’est le bétail qui…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag