La société nucléaire

Nous publions cette semaine la traduction d’un extrait d’un ouvrage rédigé en 2011 par Planka.nu, un réseau d’organisations locales suédoises qui se mobilisent pour la gratuité des transports publics.

Cet extrait met en avant, à partir de l’analyse de l’usage généralisé de l’automobile au sein des sociétés modernes, différentes pistes pour interroger à la fois notre dépendance au pétrole et au nucléaire.

Ici, il est question de mettre en lumière les configurations socio-économiques profondes qui déterminent notre rapport à la question énergétique et à la technique, loin les débats sur la « crise de l’énergie » et des impasses d’une prise de position strictement technophobe.

Fondé en 2001 à Stockholm par des militants de l’Association de la Jeunesse Syndicaliste de Suède, le réseau gère la « P-kassa », un fonds de solidarité couvrant les amendes pour les personnes communément appelées « fare-dodgers », bien qu’il soit plus approprié de les décrire comme des passagers des transports publics engagés dans une grève contre la tarification (ou tout simplement comme des grugeurs.)

L’avenir des transports est presque toujours discuté sous un vernis de neutralité technologique. Deviennent secondaires les débats sur la manière de nous transporter et ceux sur l’énergie nécessaire à nos trains et à nos voitures. Nous n’imaginons pas un futur sans expansion ni croissance, ces dernières étant évidemment continues et accélérées. Bien sûr, quelques mots sur la nécessité de respecter le climat émergent dans le débat. Trancher entre les différents types de transport et de carburant ne semble toutefois pas être une question prioritaire. Choisir quelles technologies utiliser pour nous transporter est pourtant indispensable si nous voulons pouvoir choisir la société de demain car la technologie est politique dès sa conception : certaines technologies promeuvent le droit des forts (la voiture) tandis que d’autres postulent une société centralisée (l’énergie nucléaire, le pétrole). Herbert Marcuse notait dans L’Homme unidimensionnel que

« compte tenu des tendances totalitaires de la société, le discours traditionnel sur la ’neutralité’ de la technologie ne peut plus être accepté. La technologie en tant que telle ne peut être isolée de son utilisation. »

Herbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel, 1964.

L’industrie pétrolière a habilement su exploiter la nature politique de la technologie et le fait que le choix d’une technique…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin