« La sortie de prison est un impensé des politiques pénales et pénitentiaires »

Basta! : Malgré le nouveau record de personnes détenues en France, l’Observatoire international des prisons (OIP) soutient que la surpopulation n’est pas une fatalité. Pourquoi ?

Prune Missoffe : Ce n’est pas une fatalité, car l’expérience de la crise sanitaire a prouvé qu’on pouvait descendre en dessous des 100 % d’occupation carcérale à l’échelle nationale. Ce n’est pas une fatalité non plus quand on regarde la dynamique en cours dans l’ensemble des pays membres du Conseil de l’Europe : le nombre moyen de personnes détenues pour 100 000 habitants a baissé de plus de 20 points en dix ans. Il ne s’agit donc pas d’une utopie ni d’un cas unique en Europe. Pour autant, la France est vraiment à contre-courant de ces évolutions et semble s’enliser dans une situation qui s’aggrave de façon vertigineuse, mois après mois. Pour lutter contre la surpopulation, il faut donc s’intéresser aux causes et pas seulement aux conséquences.

Quelles sont les causes de cette surpopulation carcérale ?

Ce sont avant tout des politiques pénales de plus en plus répressives. Lors du dernier quinquennat d’Emmanuel Macron, 120 infractions punies d’emprisonnement ont été créées ou renforcées. Puis sur les seuls six premiers mois de 2023, l’OIP a comptabilisé plus de 200 propositions de modification législative qui visaient à créer ou durcir les peines de prison encourues.

« La durée moyenne d’incarcération a doublé en 40 ans »

Plus précisément, l’une des causes principales de la surpopulation relève du recours toujours plus important aux comparutions immédiates et aux procédures de jugement rapide dont on sait qu’elles sont particulièrement pourvoyeuses d’incarcération. La comparution immédiate est par exemple utilisée dans le cadre des violences conjugales, que le gouvernement veut ériger en priorité politique, mais sans aucune réflexion sur la nature et les conséquences des peines…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Margot Hemmerich