« La survie est quelque chose qu'on vient reprocher aux victimes de viol »

Cet entretien a été initialement publié ici par la revue en ligne dièses, revue contre les discriminations et les préjugés.

dièses : Peut-on dire que votre livre a été écrit pour aider les personnes qui ont subi des violences sexuelles ?

Marcia Burnier. : Je pense effectivement que c’est le public premier de ce livre, non pas pour les « aider » mais parce que je l’ai écrit d’abord pour moi, pour aller mieux, ainsi que pour mes copines, en ayant en tête toutes celles dont l’histoire n’était que rarement racontée.

Je ne sais pas si je l’ai écrit uniquement pour elles, mais je voulais que les personnes qui ont été victimes de violences sexuelles puissent le lire et s’y retrouver. C’est un point qui n’est souvent pas assez pris en compte dans la littérature qui parle de viol, d’agression sexuelle ou d’inceste. Souvent, l’auteur a une envie très forte de montrer l’horreur des violences sexuelles, et il va donc décrire avec emphase et détails certaines scènes qui peuvent être extrêmement difficiles à lire lorsqu’on a été victime de viol. J’ai tenté d’éviter ça le plus possible.

Je n’avais pas non plus envie d’écrire un livre qui se termine très mal, ou qui propose des personnages de survivantes très fortes, qui n’ont pas d’angoisse, pas de peur, et qui vont entreprendre des vengeances complètement sorties du réel. J’avais envie de montrer une possibilité de réparation qui soit « plausible », qui donne un peu d’espoir.

Après j’ai aussi écrit ce livre pour d’autres publics, et pour qu’il puisse sortir du cercle des personnes qui ont été victimes de violences sexuelles. Je l’ai écrit en pensant à tout ce que j’aurais envie de dire à mon entourage mais que j’ai la flemme de répéter encore, et encore, et encore. Évidemment, c’est aussi potentiellement un livre que des hommes qui n’auraient pas été victimes de viol peuvent lire pour essayer de se mettre…

Auteur: dièses
La suite est à lire sur: www.bastamag.net