La tactique du gendarme.
Dans sa célèbre chanson, Bourvil nous disait :
« La taca-taca-ta-tactique du gendarmeC’est de bien observer sans se faire remarquerLa taca-taca-ta-tactique du gendarmeC’est d’avoir, avant tout, les yeux en face des trous »
La technique de l’algorithme.
Depuis quelques jours, à l’occasion du nouveau projet de loi anti-terroriste déjà dans les tuyaux mais que la sordide actualité de l’assassinat du commissariat de Rambouillet à remis à la une, il est un élément de langage qui revient à longueur de plateaux radios et télé :
« la technique de l’algorithme.«
Comme la tactique du gendarme on comprend que « la technique de l’algorithme » sera de bien observer sans se faire remarquer et d’avoir avant tout les yeux en face des trous. Mais les algorithmes n’observent rien pour la bonne raison qu’il n’ont pas d’yeux. Ni d’yeux ni maître entend-on d’ailleurs souvent les algorithmes chanter.
Plaisanterie mise à part, cet anthropomorphisme, cette personnification installée comme nouvel élément de langage n’est bien sûr pas innocente. Outre le soupçon d’incompétence, il s’agit de masquer la nature humaine de la surveillance. Gérald Darmanin (et l’ensemble du gouvernement) nous explique que « ce sera l’algorithme » qui se chargera de détecter les activités suspectes. Que « c’est encore l’algorithme » qui vérifiera que vous ne regardez pas trop de vidéos de décapitation ou que vous ne faites pas trop de recherches en lien avec des mots-clés liés au terrorisme. Tout cela c’est « la technique de l’algorithme« .
« L’algorithme » nous dit-on ne s’intéressera pas au contenu, il n’y aura pas accès (sic) mais servira simplement à détecter des « mises en relation« . Un peu à la mode Facebook, il s’agirait principalement de savoir qui (monsieur 1) interagit avec qui (monsieur 2) et si l’un des deux interagit lui-même avec des cibles déjà sous surveillance (monsieur 3), alors on remonte et on les surveille (monsieur 1 et monsieur 2). Mais tout de suite après nous avoir expliqué que « l’algorithme » n’avait pas accès au contenu et qu’il fallait ensuite une requête motivée auprès d’un service dédié, les mêmes nous expliquent que par exemple quelqu’un qui fait fréquemment des recherches sur des mots-clés comme « décapitation » ou « terrorisme » mérite qu’on s’y intéresse. Admettons (même si le risque de faux-positifs est … très élevé …) mais dans ce cas « l’algorithme » s’intéresse bien au « contenu » et pas simplement aux « mises en relation« . Bref tout cela est a minima très confus.
L’autre argument…
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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid