La Via Campesina, pour faire entendre la voix paysanne

Face aux politiques néolibérales, la naissance d’un mouvement international paysan

Les politiques néolibérales des années 1980 bouleversent le monde rural. Les plans d’ajustements structurels du Fonds monétaire international (FMI) imposent aux pays endettés des réformes drastiques et l’abandon des politiques agricoles protectrices. Des législations nationales facilitent l’intégration du secteur agricole dans les économies marchandes au détriment des petits producteur·ices. C’est aussi en 1986 que commencent les négociations de l’Accord général sur les taxes douanières et le commerce (GATT), qui doivent intégrer l’agriculture dans les accords de Marrakech et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui en découle en 1994.

Au tournant des années 1990, des organisations paysannes contestant le productivisme et la mise en place des politiques mercantiles existent dans plusieurs pays ou régions du globe, telles que les Paysans travailleurs (CNSTP), ancêtre de la Confédération paysanne en France, et la Coordination paysanne Européenne (CPE) en Europe. Mais il n’y a pas de représentation paysanne dans les instances internationales où sont discutées les politiques agricoles et alimentaires.
En avril 1992, des organisations paysannes se rencontrent à Managua au Nicaragua autour de l’organisation locale, l’Union Nacional de Agricultores y Ganaderos (UNAG). La Déclaration de Managua qui en découle se décrit comme « un document fondateur qui exprime le rejet commun des politiques néo-libérales qui laminent les paysans, l’importance des communautés paysannes pour la production alimentaire du monde, exige le droit à la participation des paysans dans l’élaboration des politiques qui les concernent et le respect des cultures productives paysannes, base fondamentale et stratégique de la survivance des peuples ».

Ces organisations se rassemblent à nouveau en 1993, à Mons en Belgique, à l’initiative d’une importante organisation non-gouvernementale (ONG) néerlandaise, qui souhaite constituer une plateforme d’étude. Les paysan·nes ne l’entendent pas ainsi et élaborent leur propre agenda menant au départ de l’ONG et à l’autonomisation du mouvement paysan, qui prend le nom de Via Campesina, pour suivre « la voie paysanne », mais aussi faire entendre « la voix paysanne ».
Le 4 décembre 1994, une manifestation a lieu à Genève avec des leaders paysans d’Inde, du Japon, du Canada. Face à la mondialisation des politiques, la Via Campesina mondialise la lutte et mondialise…

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Auteur: Geneviève Savigny, Jean-Mathieu Thévenot, Josie Riffaud