La victoire de la gauche au Chili : « Les pauvres se sont mobilisés »

Antoine Faure. ©
Antoine Faure est professeur à l’université de Santiago du Chili, où il vit et participe à la formation des futurs journalistes du pays.




Reporterre — Dimanche 19 décembre, Gabriel Boric a remporté l’élection avec quasiment 56 % des voix. Il bat à plate couture le candidat d’extrême-droite Juan Antonio Kast. S’attendait-on à cette victoire du candidat de gauche ?

Antoine Faure — Non, on ne s’y attendait pas dans la mesure où, au premier tour, le candidat d’extrême-droite était arrivé en tête, à la surprise générale et avec un taux d’abstention très important. Le résultat de ce second tour est d’autant plus étonnant qu’il y a dix points d’écart entre les deux candidats, alors qu’il y a quelques jours on pensait que cela se jouerait vote par vote.

La victoire de Gabriel Boric au second tour s’explique principalement par la participation, qui a gagné neuf points entre les deux tours, elle est passée de 46 à 55 %. Cela correspond à 1,2 million de votants supplémentaires. C’est le scrutin où il y a eu le plus de participation, en nombre de votants, de toute l’histoire du Chili. Notamment parce que les secteurs les plus pauvres du pays se sont bien mobilisés.



Peut-on dire que cette élection est historique, alors que le Chili est gouverné selon un programme néolibéral depuis le coup d’État contre Salvador Allende de 1973 ?

C’est un résultat historique pour plusieurs raisons. D’abord, pour la participation, ce qui est un aspect important. Ensuite, parce qu’il amène un changement générationnel. Gabriel Boric aura 36 ans en février, il est issu des mouvements sociaux et c’est une référence du mouvement étudiant de 2011. La génération qui le soutient a émergé à ce moment-là. À noter qu’il s’est tout de même empressé de dire, aussitôt élu, qu’il allait gouverner avec tout le monde, profiter de l’expérience des uns et de la jeunesse des autres.

Santé, retraites, logements, éducation : « Son programme est historique »

Par ailleurs, on est en pleine élaboration d’une nouvelle constitution. L’assemblée constituante penche très clairement à gauche. Elle est censée aboutir à la fin de la constitution de Pinochet, ce qui est historique en tant que tel. Avoir un gouvernement qui est clairement en faveur de ce processus donne les meilleures conditions de travail possibles à cette assemblée.

Son programme est aussi historique. Sur la question de la santé, des retraites, des logements, de l’éducation, il vise un…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre